CANCER ET ENVIRONNEMENT
Les progrès du dépistage ne peuvent expliquer l'incidence croissante des cancers
L' amélioration des techniques de dépistage depuis deux décennies ne peut rendre compte de l'accroissement d'incidence des cancers, et cela pour trois raisons. La première tient aux cancers qui n'ont pas bénéficié d'une telle amélioration : mélanomes malins, leucémies et lymphomes, cancers de l'enfant, cancers du testicule. La deuxième tient au fait que, dans certains pays, l'incidence des cancers du sein et de la prostate a été croissante, avant même la mise au point des tests de dépistage les concernant. La troisième tient au fait que, si le dépistage est systématiquement couplé à la réalisation de biopsies, celui-ci concerne des cancers réellement « invasifs », ce qui signifie que, si on ne les avait pas dépistés, ils se seraient de toute façon manifestés cliniquement. En l'absence de dépistage, ils auraient donc été obligatoirement comptabilisés.
Aussi, affirmer aujourd'hui que l'accroissement d'incidence des cancers du sein ou de la prostate est lié au dépistage, parce que ce dernier permettrait de gonfler artificiellement les chiffres, en mettant en lumière des cancers potentiels, revient à nier l'intérêt même de ce dépistage, donc à remettre en cause les politiques de santé publique actuelles en France comme dans les autres pays. En réalité, l'intérêt du dépistage est qu'il permet de détecter plus précocement l'existence de certains cancers, donc d'en améliorer le pronostic – et par conséquent d'en diminuer la mortalité –, mais non d'en accroître l'incidence.
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Écrit par
- Dominique BELPOMME : professeur de cancérologie à l'université de Paris-V, cancérologue à l'hôpital européen Georges-Pompidou, président de l'A.R.T.A.C.
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Médias