- 1. Une tumeur solide est une sorte d’organe
- 2. Le système immunitaire reconnaît les cellules tumorales
- 3. L’environnement tumoral est hostile aux lymphocytes T
- 4. L’immunothérapie des cancers : un concept ancien en pleine expansion
- 5. L’indispensable migration des lymphocytes T
- 6. Les lymphocytes T sont rarement capables d’atteindre les cellules cancéreuses
- 7. Conclusions et perspectives
- 8. Bibliographie
CANCER Immunothérapie
La plupart des traitements classiques utilisés contre le cancer, comme les chimiothérapies, utilisent des molécules toxiques, qui tuent les cellules tumorales, mais aussi beaucoup de cellules saines. Et la forte fréquence de récidives de la maladie montre les limites des traitements standard contre le cancer. Une stratégie différente, appelée immunothérapie, se met en place, qui vise à stimuler les cellules du système immunitaire du malade, pour qu’elles détruisent les cellules tumorales et elles seules.
L’immunothérapie des cancers cherche donc à manipuler le système immunitaire d’un patient dans le but de détruire spécifiquement ses cellules tumorales. Ce domaine de recherche est en pleine expansion et ses protocoles sont appliqués à la clinique du cancer. Les qualificatifs employés par les cliniciens – « traitements de rupture », « grand optimisme », « approches très excitantes »… – sont relayés par les médias, comme en témoignent les unes de plusieurs magazines et journaux, et traduisent les espoirs portés par cette nouvelle voie de traitement. On doit cet intérêt à des résultats cliniques extrêmement prometteurs et parfois très spectaculaires, avec des guérisons de malades comme on n’en avait jamais observé auparavant. En octobre 2018, deux chercheurs ayant contribué au développement de ces stratégies ont été récompensés par l’attribution du prix Nobel de physiologie ou médecine. Cependant, alors que certains patients répondent très bien à ces traitements, chez d’autres, ces stratégies n’ont pas ou ont peu d’effet. Les recherches se concentrent donc sur l’identification des différents obstacles à l’action antitumorale des lymphocytes T tueurs, grands acteurs de la mort sélective des cellules tumorales, afin de les contourner et de proposer des voies de traitement contre le cancer plus performantes et plus générales.
Une tumeur solide est une sorte d’organe
On s’intéressera ici surtout aux carcinomes, tumeurs solides développées à partir d'un tissu épithélial (peau, muqueuse) qui sont les plus fréquentes chez l’homme . Ces tumeurs sont composées non seulement de cellules épithéliales en prolifération, mais aussi d’un microenvironnement complexe qui favorise la croissance et la dissémination tumorale. Pendant des décennies, on a cru que la formation des tumeurs pouvait être entièrement expliquée par l’accumulation d’altérations génétiques dans les cellules épithéliales. Certes, les mutations jouent un rôle important dans le développement de tumeurs. Cependant, les tumeurs ne peuvent pas être simplement réduites à une masse de cellules tumorales en division, mais doivent être considérées comme de véritables écosystèmes composés de nombreux types cellulaires nichés dans un environnement particulier appelé stroma tumoral. Ainsi, on retrouve dans celui-ci des cellules endothéliales – qui constituent les vaisseaux sanguins et lymphatiques –, des fibroblastes contractiles – responsables, entre autres, de la synthèse des protéines de la matrice extracellulaire dont l’ensemble constitue l’architecture de l’organe –, des cellules du système immunitaire, ainsi que des facteurs solubles comme des cytokines, molécules qui régulent l’activité et la fonction de nombreux types cellulaires. Il est désormais admis que la croissance d’une tumeur dépend à la fois de propriétés intrinsèques acquises par les cellules tumorales et d’interactions dynamiques entre les différents composants du microenvironnement et les cellules tumorales. Ainsi, la pathologie cancéreuse ne doit pas être perçue comme une simple maladie de la cellule, mais plutôt comme une maladie de la cellule – tumorale ou prétumorale – plongée dans un environnement tissulaire et cellulaire favorable au développement de cet organe qu’est une tumeur solide.
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Écrit par
- Emmanuel DONNADIEU : directeur de recherche au CNRS, chef d'équipe à l'Institut Cochin, Paris
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