- 1. Une tumeur solide est une sorte d’organe
- 2. Le système immunitaire reconnaît les cellules tumorales
- 3. L’environnement tumoral est hostile aux lymphocytes T
- 4. L’immunothérapie des cancers : un concept ancien en pleine expansion
- 5. L’indispensable migration des lymphocytes T
- 6. Les lymphocytes T sont rarement capables d’atteindre les cellules cancéreuses
- 7. Conclusions et perspectives
- 8. Bibliographie
CANCER Immunothérapie
Conclusions et perspectives
Les immunothérapies et notamment celles basées sur les lymphocytes T suscitent beaucoup d’enthousiasme. Ces thérapies immunomodulatrices ont en effet montré leur potentiel thérapeutique dans des cancers agressifs comme le mélanome. Cependant, ces traitements ne profitent pas à tous les patients et ils sont, par ailleurs, peu efficaces dans les cancers ovariens et pancréatiques, caractérisés notamment par un environnement dérégulé limitant l’infiltration des lymphocytes T dans les régions tumorales. Dans ce contexte, les combinaisons de thérapies ciblant deux étapes différentes de l’immunité antitumorale – l’activation et la migration lymphocytaires T – semblent particulièrement prometteuses.
Plusieurs aspects méritent une réflexion. Le premier concerne la toxicité de ces produits. L’objectif est en effet de relâcher les « freins » des lymphocytes T tueurs pour qu’ils détruisent efficacement les cellules cancéreuses. Mais, bien sûr, ce n’est pas par hasard qu’ils sont maintenus serrés en condition normale : cela permet de conserver une certaine tolérance du soi, autrement dit d’éviter une autoagression de l’organisme. Le danger de ces traitements est donc de créer un embrasement du système, et de voir surgir des effets indésirables. C’est d’ailleurs ce qui a été rapporté dans des études menées avec les anticorps anti-CTLA-4, les anti-PD-1 semblant moins toxiques. Les traitements fondés sur les cellules CAR T, bien que très prometteurs, peuvent également provoquer des effets secondaires importants, notamment un relargage massif de cytokines inflammatoires – parfois appelé « tempête cytokinique » – pouvant être à l’origine de neurotoxicité, voire de décès. Cette réaction brutale au traitement impose un suivi du patient dans des établissements spécialisés et préparés à prendre en charge ces effets.
Le deuxième aspect concerne le prix très élevé de ces médicaments. À titre d’exemple, un traitement à l’anti-PD-1 nécessite quatre perfusions au prix de 20 000 euros l’unité. Pour les cellules CAR T, le coût d’un traitement avoisine les 400 000 euros en 2019. Par comparaison, le prix d’une chimiothérapie classique est inférieur à 2 000 euros. Même si des patients en rémission complète grâce à ces traitements pourront reprendre une activité professionnelle, l'augmentation du coût des traitements pose un problème de choix budgétaires et médicaux difficiles à assumer, problème sur lequel se penche le Comité national consultatif d'éthique.
Malgré ces réflexions, il n’en reste pas moins que cette discipline est en pleine révolution. La guérison des patients atteints de cancer métastatique, impensable il y a seulement quelques années, est désormais en ligne de mire des immunothérapies.
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Écrit par
- Emmanuel DONNADIEU : directeur de recherche au CNRS, chef d'équipe à l'Institut Cochin, Paris
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