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CANCER Vue d'ensemble

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Comme les arbres, comme les animaux, l'homme est sujet au phénomène tumoral. Le caractère insolite de certaines « grosseurs », leur aspect disgracieux, ne serait qu'importunité s'il ne s'agissait parfois du début d'un processus lentement destructeur. D'où la question inévitablement posée par le patient au médecin : « La tumeur est-elle bénigne ou maligne ? » Même interrogation lorsque le processus tumoral agit en profondeur, dans un organe d'accès difficile et avec le risque de conséquences délabrantes. Pour répondre, le médecin doit faire appel aux ressources de l'imagerie médicale afin de localiser la ou les tumeurs. Mais il doit aussi en recueillir un fragment, par biopsie, pour examen cytopathologique. Il s'agit en effet de détecter, dans le tissu tumoral, des germes invasifs. Or ces germes sont tout simplement certaines de nos cellules qui ont perdu les caractéristiques qui leur permettent d'obéir aux signaux régulateurs de la croissance et de la multiplication cellulaire au sein de notre organisme.

Ces cellules « anarchiques » qui n'obéissent plus aux signaux régulateurs ne sont pourtant pas devenues complètement étrangères à notre corps. C'est pourquoi les défenses immunitaires ne suffisent pas à les éliminer. Tout au long du xxe siècle, la médecine a donc cherché à détruire chez les patients toutes les cellules soupçonnées de malignité. D'où le traitement des cancers par l'exérèse chirurgicale des lésions, par la radiothérapie (sous diverses modalités) ou, plus récemment (1970), par chimiothérapie et enfin par immunothérapie.

À la même époque, les biologistes entreprenaient d'élucider les mécanismes de la cancérisation, autrement dit de l'oncogenèse, dans l'espoir de mieux cibler les moyens thérapeutiques.

Dans la longue traque des causes de la malignité, la biologie moléculaire a apporté enfin une contribution fondamentale en précisant la composante génétique de la cancérisation (cf. génomique). Elle se manifeste soit par défaut héréditaire, soit, dans la grande majorité des cas, par acquisition d'anomalies génétiques par des cellules ayant conservé ou retrouvé leur potentiel de multiplication tout en perdant leur soumission aux signaux régulateurs à l'œuvre dans l'organisme.

Dès lors, la méthode de lutte contre le cancer pouvait changer. À la place de la discrétion, voire du secret, il fallait annoncer le mal et l'expliquer ; à la place de thérapeutique à l'aveuglette, utiliser des protocoles parfaitement codifiés. Ainsi guérira-t-on, au xxie siècle, du cancer, de plus en plus ; mais le grand défi tient à l'augmentation des cas de cancérisation. Trop de facteurs favorisant la déviation cancéreuse de nos cellules agissent encore ouvertement, qu'ils soient comportementaux, culturels, ou environnementaux. C'est pourquoi, en France, le cancer a été déclaré grande cause nationale en 2003, par le président de la République. Dans cette conjoncture, en 2004, l'exposition itinérante sur l'actualité scientifique en France, en Belgique et en Allemagne fut intitulée Mieux comprendre le cancer c'est déjà le combattre.

Au-delà de cette exigence, un effort considérable de réorganisation du système de soins anticancéreux a été entrepris en France et doté pour cela de moyens importants :

– création de sept cancéropôles régionaux pour renforcer la recherche et l'équipement sanitaire sur l'ensemble du territoire ;

– renforcement de la formation de spécialistes en cancérologie (chercheurs et praticiens) ;

– développement des soutiens psychologiques et pratiques au bénéfice des malades ;

– effort de dépistage accru ;

– lutte contre les agents cancérigènes (amiante, tabac...) et promotion de pratiques nutritionnelles à effet protecteur contre[...]

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