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CANONISATION

La canonisation est, dans l'Église catholique, l'acte par lequel un personnage est proclamé officiellement saint, c'est-à-dire arrivé à l'union parfaite avec le Christ. La notion de sainteté existe dans le christianisme dès l'origine, car, « appelés par Dieu, non au titre de leurs œuvres mais au titre de son dessein et de sa grâce, justifiés en Jésus notre Seigneur, les disciples du Christ sont véritablement devenus dans le baptême de la foi fils de Dieu, participant de la nature divine et, par conséquent, réellement saints » (Vatican II, Lumen Gentium, 40).

La primitive Église a d'emblée tenu pour saints la Vierge Marie, les apôtres et Jean-Baptiste, le précurseur. Très tôt, elle éprouve aussi le besoin de contempler dans les martyrs des modèles à imiter et des intercesseurs à invoquer : la communauté ecclésiale à qui ils appartenaient les proclame saints, et leur rend un culte liturgique au dies natalis, jour de leur naissance au Ciel, c'est-à-dire jour où ils ont été mis à mort. Ce culte connaît à la fin des persécutions un essor remarquable, stimulé par l'inventio, « découverte » de lieux de sépulture oubliés, et nourri par les Actes des martyrs qu'ont rédigés des témoins... ou des auteurs inventifs ; le culte est contrôlé par les évêques, qui entendent éviter abus et déviations. En même temps, il s'étend aux confesseurs non martyrs, à commencer par les docteurs de l'Église ; dès le vie siècle apparaissent les premiers martyrologes, et des Vies ou Passions de saints. Les évêques, soucieux de prévenir les excès, sanctionnent eux-mêmes la sainteté de ces modèles en procédant à des cérémonies de transfert (translatio) ou d'élévation (elevatio) des reliques, qui constituent une véritable reconnaissance officielle de sainteté. C'est pratique courante dès le viiie siècle, renforcée bientôt par un effort de centralisation : les évêques consultent le synode diocésain ou provincial, voire le synode des évêques du royaume pour donner plus de poids à leur choix.

En 993, le pape Jean XV proclame la sainteté de l'évêque Ulrich d'Augsbourg, mort vingt ans auparavant, dont le successeur, Ludolphe, avait présenté au synode romain une Vita ; pour appuyer sa décision, il promulgue une bulle – la première bulle de canonisation connue – destinée aux clergés de Francie et de Germanie, et ordonnant que la mémoire du prélat soit solennellement vénérée. Mais le terme canonizare n'apparaît que quelque années plus tard, dans la bulle adressée au comte de Mantoue où Benoît VIII confirme le culte de l'ermite Siméon de Padolirone (mort en 1016). De leur côté, les évêques prennent l'habitude de solliciter du pape la ratification de leurs initiatives, si bien que peu à peu se fait jour l'idée d'une autorité pontificale dans les canonisations. À la faveur de la réforme grégorienne, la canonisation papale remplace peu à peu la translatio épiscopale, et dès la fin du xiie siècle, la réserve au seul pontife du droit de canonisation est inscrite dans les faits, sinon dans les textes. En 1234, l'introduction du bref Audivimus dans les Décrétales de Grégoire IX consacre, en droit du moins, cette prérogative. Au xiiie siècle, Innocent IV définit la canonisation :

« Canoniser consiste à décider en toute régularité et de façon canonique qu'un saint soit honoré comme tel, c'est-à-dire qu'il lui sera rendu un culte solennel comme on le fait pour les saints de la même catégorie : s'il s'agit d'un confesseur, que l'on célèbre pour lui l'office des confesseurs ; s'il s'agit d'un martyr, l'office des martyrs, et ainsi de suite. »

Telle est la loi, mais dans la pratique, nombre d'évêques continuent d'effectuer, de leur propre initiative, des[...]

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Écrit par

  • : historien de la spiritualité, consultant auprès de postulateurs de causes de saints

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Autres références

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