TESSIN CANTON DU
Le canton suisse du Tessin (en italien Ticino, du nom de la rivière affluente du Pô) se situe sur le versant méridional des Alpes suisses. Il comptait 353 700 habitants en 2017. Son territoire de 2 812 kilomètres carrés est formé d’espaces montagnards, de vallées et de régions préalpines ouvertes sur les rives des lacs insubriens et la plaine du Pô. Au nord, le massif du Saint-Gothard est creusé par de profondes vallées comme celles de Maggia et Verzasca – qui donnent sur le lac Majeur – ou de Leventina (vallée du Tessin) et Blenio (vallée du Brenno), dont les eaux se rencontrent à Biasca, dans le fond de la vallée principale, l’étroite plaine de la Riviera. Cette dernière amène vers le chef-lieu du canton, Bellinzona, ville fortifiée au pied des Alpes ; là, le Tessin tourne à l’ouest et entre dans la plaine de Magadino pour déboucher dans le lac Majeur, à la lisière de l’agglomération de Locarno. Le canton est divisé traditionnellement – entre Sopraceneri et Sottoceneri – par le col du Monte Ceneri, qui mène, par la vallée du Vedeggio, vers le lac et l’agglomération de Lugano, capitale économique du canton ; au sud du lac, le Mendrisiotto, au paysage collinéen donnant sur la plaine du Pô, fait frontière avec la Lombardie.
Le nord du canton bénéficie d’un climat alpin (7 0C en moyenne annuelle entre 1981 et 2010), avec d’abondantes précipitations en toute saison ; les régions des lacs (Lugano, Locarno) et le Mendrisiotto jouissent en revanche d’un régime proche du climat méditerranéen (12 0C en moyenne annuelle), avec des étés chauds, de plus fortes précipitations en automne et au printemps, mais des hivers souvent secs et ensoleillés.
Les premiers établissements dans la région remontent au début de l’Âge du fer ; dès le iie siècle, le territoire est annexé par l’Empire romain et subira, à la chute de ce dernier, les invasions des Ostrogoths, des Lombards et des Francs. Par la suite, dès le xie siècle, il est sous l’influence du duché de Milan, puis partagé de 1100 à 1353 entre les évêchés de Côme et de Milan et, jusqu'en 1402, soumis à l'autorité des Visconti. Au xive siècle, le sort des vallées tessinoises sera irrémédiablement lié au développement de la route et du col du Saint-Gothard, passage stratégique entre Milan et le nord des Alpes. Les Waldstätten (cantons forestiers : Uri, Schwyz et Unterwald), qui ont aménagé le col dès le xiie siècle, veulent contrôler la route vers l'Italie et, durant le xve siècle, Uri prend effectivement le contrôle de la Leventina. Le projet est achevé au début du xvie siècle avec l’aide des cantons confédérés : prise de Bellinzona et de Locarno, ainsi que du Sottoceneri (1513). La paix conclue avec la France (1516) enlève aux Suisses une partie de leurs conquêtes (le val d’Ossola), mais confirme leur possession du Tessin sous forme de bailliages communs entre les trois cantons forestiers ou entre cantons confédérés. À la fin du xviiie siècle, l'écho de la Révolution française et la conquête de la Lombardie par Bonaparte entraînent le renversement du régime des baillis (1798). En 1803, l'acte de médiation voulu par Napoléon fait du Tessin un canton à part entière dans la Confédération.
Le canton du Tessin est une république constitutionnelle au sein de la Confédération helvétique. Son organe exécutif – le Conseil d’État (5 membres) – ainsi que le législatif – le Grand Conseil (90 membres) – sont élus au suffrage universel tous les quatre ans à la proportionnelle. La langue officielle du canton est l’italien ; toutefois, dans les relations quotidiennes, le dialecte tessinois – proche du lombard – est encore très utilisé. Au xixe siècle, la politique est caractérisée par l’affrontement, parfois violent, entre radicaux-libéraux et conservateurs, le Parti socialiste[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Gian Paolo TORRICELLI : docteur en sciences économiques et sociales, université de Genève, Suisse, professeur de géographie, responsable de l'Observatoire du développement territorial du canton du Tessin, Université de la Suisse italienne, Mendrisio, Suisse
Classification
Médias
Autres références
-
MAJEUR LAC
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 274 mots
-
SAINT-GOTHARD COL DU
- Écrit par Paul GUICHONNET
- 833 mots
- 1 média
« Portier des Alpes », le col du Saint-Gothard surclasse tous les autres passages par le volume de son trafic ferroviaire et routier et par la liaison directe qu'il établit entre la plaine centrale du Pô et l'Europe du Nord. Deux éléments géopolitiques ont fait sa fortune : d'abord la naissance...
-
SUISSE
- Écrit par Bernard DEBARBIEUX , Frédéric ESPOSITO , Encyclopædia Universalis , Bertil GALLAND , Paul GUICHONNET , Adrien PASQUALI et Dusan SIDJANSKI
- 24 372 mots
- 9 médias
La Suisse, par l'intermédiaire de ses mercenaires, prit une part active aux guerres d' Italie, et elle en profita pour étendre ses possessions au Tessin (Bellinzona et le val Blenio). En 1510, par l'entremise du cardinal valaisan Mathieu Schiner, les treize cantons adhèrent à la ligue formée par...