CAP-VERT (CABO VERDE)
Nom officiel | République de Cabo Verde (CV) 1
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Chef de l'État | José Maria Neves (depuis le 9 novembre 2021) |
Chef du gouvernement | Ulisses Correia e Silva (depuis le 22 avril 2016) |
Capitale | Praia |
Langue officielle | Portugais 3
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Unité monétaire | Escudo cap-verdien (CVE) |
Population (estim.) |
491 100 (2024) |
Superficie |
4 033 km²
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Une indépendance difficile
En revanche, Lisbonne ne réussit pas à contrer la propagande du P.A.I.G.C. dans les îles, et le coup d'État du 25 avril 1974 au Portugal permet au parti de s'y installer au grand jour et de grignoter les réticences du Portugal qui, malgré le général Spínola, doit reconnaître l'indépendance du Cap-Vert sous l'égide du P.A.I.G.C. (5 juill. 1975). Le seul avantage remporté par le Portugal dans cette déconfiture coloniale est d'obtenir que l'indépendance du Cap-Vert soit distincte de celle de la Guinée-Bissau, bien que le même P.A.I.G.C. soit aux commandes dans les deux républiques appelées, dans les statuts du parti, à se fédérer.
Et c'est là que le bât blesse entre 1975 et 1980, car, si le premier président du Cap-Vert, Aristides Pereira, est bien simultanément le secrétaire général d'un P.A.I.G.C. commun, et si le parti n'a d'autre ambition que l'unité des deux républiques sœurs, les antagonismes entre Cap-Verdiens et Guinéens ne s'en trouvent pas effacés pour autant. Lorsque Luís Cabral, demi-frère d'Amílcar Cabral (l'initiateur de l'idée d'une union interétatique et père posthume de l'indépendance des deux pays), est renversé en Guinée-Bissau (nov. 1980), cette construction boiteuse où un même parti gouvernait deux États distincts reçoit un coup fatal.
En janvier 1981, la branche cap-verdienne du P.A.I.G.C. tire les conclusions de l'élimination politique de Luís Cabral et des Cap-Verdiens en Guinée-Bissau, et se rebaptise Partido africano da independência de Cabo Verde (P.A.I.C.V.), sans plus de référence à la Guinée-Bissau qui, aux yeux des historiens, aura bel et bien tiré les marrons du feu pour le Cap-Vert. La chimère d'une union entre les deux États n'existant plus, il reste à préciser que le régime cap-verdien, sous l'autorité d'Aristides Pereira, a su faire preuve d'un pragmatisme et d'une souplesse auxquels les déclarations et la doctrine du P.A.I.G.C. avant l'indépendance n'avaient pas préparé les observateurs.
Intransigeant sur les questions de souveraineté et sur son non-alignement, il ne cesse de refuser l'installation de toute base militaire étrangère, laquelle jouerait un rôle majeur dans le contrôle de l'Atlantique sud. Conscient de la précarité de son économie, le nouvel État entretient soigneusement ses relations avec les pays occidentaux (notamment les États-Unis où vit l'essentiel de la diaspora cap-verdienne, mais aussi les Pays-Bas, l'Allemagne, les pays scandinaves et la France) qui sont devenus ses principaux bailleurs d'aide et les meilleurs garants de sa survie. On portera au crédit de la nouvelle administration sa lucidité quant à ses possibilités économiques réelles, un sérieux et une austérité allant croissant, une longue période de stabilité, un souci de cohésion nationale et surtout la volonté de combattre le sous-développement en s'attaquant à la misère du monde rural.
Se croyant soutenu par la majorité de la population, le P.A.I.C.V. accepte d'instaurer le multipartisme en septembre 1990, mais aux élections législatives du 13 janvier 1991, l'opposition, regroupée au sein du Mouvement pour la démocratie (M.P.D.), remporte une victoire écrasante. Son président, Carlos Veiga, devient le nouveau Premier ministre. Le transfert des pouvoirs s'effectue démocratiquement et est confirmé, le 17 février 1991, par la première élection présidentielle pluraliste qui voit la défaite d'Aristides Pereira, resté quinze ans au pouvoir. Le vainqueur de cette élection libre est le candidat du M.P.D., António Mascarenhas Monteiro, qui l'emporte avec 72 p. 100 des suffrages. C'est la première fois en Afrique noire qu'un opposant accède au pouvoir par les urnes et avec les compliments du président sortant. Ancien membre du P.A.I.G.C. avec lequel[...]
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Écrit par
- René PELISSIER : docteur d'État ès lettres
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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