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CAPÉTIENS (987-1498)

Cette dynastie royale a régné en France de 987 à 1792. On appelait autrefois ces souverains les rois de la « troisième race », venus après les Mérovingiens et les Carolingiens. Les Capétiens de ligne directe régnèrent jusqu'en 1328. Des branches collatérales leur succédèrent. Les Capétiens-Valois de 1328 à 1498 ; les Valois-Orléans de 1498 à 1515 ; les Valois-Angoulême de 1515 à 1589 ; les Bourbons de 1589 à 1792. Le surnom de Capet fait sa première apparition vers 1030 dans la chronique d'Adémar de Chabanne, il s'applique alors au père d' Hugues Capet, le duc Hugues Ier. Il ne qualifie Hugues Capet qu'au début du xiie siècle et le terme « capétien » apparaît pour la première fois chez le chroniqueur anglais Raoul de Diceto (mort en 1202). Les révolutionnaires le donnèrent par dérision à Louis XVI détrôné (le « citoyen Capet ») et à sa famille. Le surnom vient du mot cappa, « chape », et désigne le porteur d'un petit manteau. Peut-être fait-il allusion à la chape abbatiale, Hugues et son père étant abbés laïques de nombreuses abbayes. Au xiie siècle, la chape étant devenue un chaperon ou chapeau, Hugues Capet fut considéré comme « l'homme au chapeau » et la légende, appuyée sur cette fausse étymologie, naquit, selon laquelle il n'avait pas pu ou voulu recevoir la couronne.

On ne citera ici que les Capétiens directs (987-1328) et les Capétiens-Valois (1328-1498) et on laissera également de côté les branches capétiennes qui ont été à la tête de principautés et seigneuries en France (par exemple en Bourgogne) et celles qui ont occupé des trônes étrangers (à Constantinople, à Naples, en Navarre, en Hongrie aux xiiie-xive siècles).

Les premiers Capétiens et la féodalité (987-1180)

Élaboration de la dynastie

Lorsque, à la mort du Carolingien Louis V, Hugues Capet, duc des Francs, fut élu roi de France (on disait alors « roi des Francs ») à Senlis par une assemblée de grands, laïques et ecclésiastiques, qui le préféra à un concurrent carolingien, Charles de Basse-Lorraine, oncle du roi défunt, puis sacré à Noyon le 1er juin ou le 3 juillet 987, la longévité et la puissance de sa postérité n'étaient pas prévisibles. Certes, sa famille avait joué un grand rôle politique depuis son arrière-grand-père Robert le Fort, d'origine inconnue, qui détint sous Charles le Chauve de grands pouvoirs, entre Seine et Loire, sur la Neustrie en voie de s'appeler France, et plus tard Île-de-France. Son grand-oncle Eudes, fils de Robert, avait été déjà élu roi après la mort de Charles le Gros, en 888, et avait régné dix ans (888-898) et son propre père Hugues Ier le Grand, duc de France de 923 à 956, avait été le tuteur de Louis IV d'Outremer (936-954) et le véritable maître du royaume. Mais le nouveau roi et ses successeurs allaient accomplir une tâche énorme : assurer la continuité dynastique, affermir le pouvoir royal face aux grands seigneurs dont beaucoup étaient aussi puissants qu'eux (le comte de Périgord à qui Hugues Capet et son fils Robert demandent : « Qui t'a fait comte ? » réplique : « Qui vous a faits rois ? »), donner une base économique et administrative à la royauté, faire progresser le pouvoir monarchique et la puissance nationale dans le Midi et les défendre contre l'Empire à l'est et contre l'Angleterre dans l'ouest même du royaume, acquérir un prestige national et international, devenir des rois « très chrétiens ».

L'essentiel de ce programme, qui ne fut sans doute pas conçu clairement ni systématiquement par les souverains et leur entourage, fut réalisé en deux siècles, lente évolution ponctuée de succès et d'échecs sur laquelle les documents parvenus jusqu'à nous nous renseignent mal.

La continuité dynastique fut due d'abord à la chance qui assura[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études

Classification

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