CAPÉTIENS (987-1498)
Les grands Capétiens et l'unité territoriale (1180-1314)
De Philippe II Auguste (1180-1223) à Philippe IV le Bel (1285-1314), cinq souverains d'envergure, dont trois ont un règne d'une longueur et d'une importance exceptionnelles (Philippe Auguste, Louis IX et Philippe le Bel), règnent sur un pays qui devient le plus prospère, le plus puissant et le plus prestigieux de la chrétienté. Les Capétiens recouvrent la plus grande partie des domaines passés sous domination anglaise, étendent l'influence de la monarchie aux régions touchées par le commerce maritime, en Méditerranée, dans l'Atlantique et la Manche, en mer du Nord. Ils rattachent solidement au royaume et au domaine royal le midi de la France et renforcent la « centralisation » monarchique. Mais, dès la fin du règne de Saint Louis (1226-1270), apparaissent des difficultés liées aux transformations de l'économie, en particulier au développement du secteur monétaire et à la crise des revenus seigneuriaux ainsi qu'aux luttes sociales dans les villes.
L'essor économique
Au début du xive siècle, le roi de France est réputé le plus puissant de la chrétienté parce que la population de son royaume est la plus nombreuse (vingt millions environ contre quatorze à l'Allemagne, quatre à l'Angleterre). Le développement des échanges extérieurs et intérieurs a entraîné, à peu près au même moment qu'à Gênes, Florence et Venise et avant les autres États européens, la reprise de la frappe de l'or (écu de Saint Louis, 1263) et l'émission de gros d'argent. Les défrichements ont continué en beaucoup de régions et les rendements se sont élevés, notamment sur certains domaines bien gérés aux terres fertiles, en Artois notamment. Deux produits ont pris au xiiie siècle une grande importance dans les exportations françaises : le vin et le sel. Les revenus du roi de France lui permettent de mener une politique d'achat de fidélités, surtout de part et d'autre des frontières du royaume, dans le Nord-Est et l'Est, en bordure de l'Empire, en distribuant des « fiefs de bourse » ou « fiefs-rentes ». Paris devient, grâce à la présence habituelle du roi capétien et de ses services, une capitale prospère et forte (Halles et murailles de Philippe Auguste, réglementation des corporations sous Saint Louis conservée dans le Livre des métiers du prévôt Étienne Boileau), peuplée (200 000 habitants au début du xive siècle, de loin la plus populeuse de la chrétienté), rayonnant par son Université (statuts de 1215 et de 1231 – on dit que l'Italie a le pape, l'Allemagne l'empereur, la France l'Université), son art (Notre-Dame de Paris, Sainte-Chapelle, ateliers de miniatures et d'ivoires). Louis IX fournit à la chrétienté le modèle vivant du roi chrétien, et sa canonisation en 1297 rehausse le prestige de la dynastie capétienne et du royaume de France.
Le roi, « empereur en son royaume »
Dès 1190, la chancellerie royale emploie parfois à la place de rex Francorum, « roi des Francs », le titre de rex Francie, « roi de France », attestant l'unification du royaume. L'expression devient usuelle en 1204 et le terme de regnum Francie, royaume de France, apparaît en 1205. Le terme de couronne, de plus en plus usité, reflète la croyance en une idée et une réalité monarchique transcendant la personne du roi. Celui-ci devient « empereur en son royaume », ce que le pape Innocent III reconnaît de facto dans la lettre Per venerabilem (1202). À la fin de la période, une violente querelle entre Philippe IV le Bel et le pape Boniface VIII se termina par l'affirmation de l'entière souveraineté du Capétien au temporel : il récusait aussi bien l'ingérence du pape au nom des « deux glaives » que celle de l'empereur. À cette époque, les conseillers du roi, formés dans les facultés[...]
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Écrit par
- Jacques LE GOFF : directeur d'études à l'École pratique des hautes études
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