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CAPITAL

Le mot capital peut prendre, en économie, plusieurs significations différentes. Issu du mot latin caput, « tête », il désigne d'abord celui qui dirige parce qu'il détient le pouvoir que confère l'argent. Mais ce sens premier est atténué (voire disparaît) lorsqu'on appelle capital un ensemble de biens qui sert à la production d'autres biens – ou bien quand on désigne par ce mot une somme monétaire. Le capital est ainsi conçu parfois comme une relation entre membres de la société (un rapport social), parfois comme un objet – ou ensemble d'objets.

Le capital en tant que rapport social

Cette première acception du mot capital est à l'origine d'expressions telles que capitalisme ou société capitaliste, qui désignent un système économique où les moyens de production sont, en bonne partie, détenus par des personnes privées. Celles-ci, les capitalistes, recrutent des travailleurs, achètent des matières premières, louent des terres, etc., pour produire des biens, dans le but de réaliser un profit. Le capitaliste est donc bien celui qui dirige, parce qu'il dispose des moyens de le faire. Dans cette perspective, la société est conçue comme un ensemble de classes sociales, le principal clivage se situant entre les propriétaires des moyens de production et ceux qui vendent à ces derniers leur force de travail (les salariés). Parmi les premiers, on peut distinguer les capitalistes proprement dits (qui ont le pouvoir d'acheter les ingrédients de la production, y compris le travail) et les propriétaires des terres, des mines et d'autres ressources naturelles (louées aux capitalistes), dont la rémunération est qualifiée de rente (au sens de loyer).

La vision de la société axée sur les classes sociales – et sur les rapports que celles-ci induisent en matière de production – joue un rôle important dans les analyses des fondateurs de l'économie politique, comme Adam Smith (1723-1790) et David Ricardo (1772-1823), et dans celles de Karl Marx (1818-1883) qui a tout particulièrement mis l'accent sur le capital en tant que rapport social. Pour eux, le produit de la société – fruit du travail, pour l'essentiel – se partage entre les trois grandes classes sociales que sont les travailleurs (les prolétaires, pour Marx), les capitalistes et les propriétaires fonciers. Ce partage dépend, de façon complexe, du rapport de forces entre groupes sociaux, du salaire de subsistance des travailleurs, de l'existence d'une tendance à l'égalisation des taux de profit (rémunération des capitaux), ainsi que de la plus ou moins grande disponibilité des ressources naturelles.

Cette façon de concevoir la société est, en partie, sous-jacente dans les représentations actuelles de ce que les économistes appellent la macroéconomie, lorsqu'ils considèrent que le produit national est obtenu à partir du capital et du travail. Mais à la vision d'une lutte pour le partage du produit entre capital et travail se substitue celle d'une collaboration entre les individus : les facteurs de production apportent chacun leur contribution au produit – leur rémunération étant fonction de cette contribution.

Pour justifier ce dernier point de vue, certains théoriciens (notamment, voici un peu plus d'un siècle, l'économiste autrichien Eugen von Böhm-Bawerk) ont proposé de voir dans le capital le résultat du travail passé, qui permet par un détour de production (consacré à la fabrication d'outils et de machines, par exemple) une production plus importante (que si ce détour n'avait pas existé) par le travail présent, actuel. La rémunération du capital (sous forme d'un taux d'intérêt) s'explique alors par ce gain de productivité du travail : il s'agit d'une récompense pour ceux qui ont bien voulu attendre jusqu'au moment de recueillir les fruits de détours de production plus ou moins prolongés ayant[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences en sciences économiques à l'université de Reims

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