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CAPITALE DE LA DOULEUR, Paul Eluard Fiche de lecture

Les « mouvements du cœur »

C'est sans doute le plus abouti et le plus frappant de Capitale de la douleur que cet extraordinaire détachement dogmatique, cette étonnante richesse formelle comme en hommage à Apollinaire, où se succèdent et se chevauchent sonnets, vers blancs, ruptures métriques, calembours, et « taches de silence ». Des motifs dada et surréalistes émergent, se mêlent à des proclamations d'avenir, et cependant la hantise du décasyllabe et de l'alexandrin transparaît partout. « Je dis la vérité sans la dire », affirme le poème intitulé « L'Habitude », et l'on s'aperçoit que ce jeu subtil des mètres et des maîtres s'accompagne d'une profonde structuration des poèmes et du recueil par le visible, « la bien belle peinture », l'arc, la lampe, la photographie, les yeux, traçant l'empreinte des choses brisées. Dans son Prière d'insérer, Breton souhaitait « louer seulement et sans mesure en lui les vastes, les singuliers, les brusques, les profonds, les splendides mouvements du cœur », relevant qu'« à sa lueur comme à aucune autre l'action et la contemplation cessent de se nuire, le tourment humain d'implorer miséricorde et les choses imaginées d'être un danger pour les choses vécues ». Pour ce singulier partage sans doute, Eluard entra le premier, après guerre, en 1944, dans la collection Poètes d'aujourd'hui de Pierre Seghers, et Capitale de la douleur suivi de L'Amour la poésie inaugura vingt ans plus tard, en poche, la collection Poésie de Gallimard avec une Préface de Pieyre de Mandiargues.

— Pierre VILAR

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Écrit par

  • : maître de conférences à l'université de Pau et des pays de l'Adour, faculté de Bayonne

Classification

Média

Exposition surréaliste de Londres - crédits : Evening Standard/ Getty Images

Exposition surréaliste de Londres