- 1. Capitalisme et économie de marché : de Braudel à Polanyi
- 2. La construction d'un marché des produits, une construction sociale
- 3. La formation d'un marché international des produits
- 4. Organisations et institutions du marché
- 5. Facteurs de production et économie de marché au XIXe siècle
- 6. Concurrence et économie de marché
- 7. L'État est-il l'ennemi de l'économie de marché ?
- 8. Bibliographie
CAPITALISME Histoire
La notion d'« économie de marché », bien que d'un usage fréquent à partir de la fin du xxe siècle où elle a progressivement remplacé celle de « capitalisme », n'a une signification ni clairement définie ni universellement acceptée par les historiens : il n'existe pas d'« histoire de l'économie de marché ». Elle est surtout définie négativement par rapport à ses différents antonymes, ce qui explique la pluralité des contenus qui lui sont attribués. Elle s'oppose à des économies soit anciennes, soit contemporaines mais primitives qui ne connaîtraient pas encore cette forme d'organisation évoluée. Elle s'oppose également aux économies du xxe siècle à planification centralisée.
Malgré les assertions des économistes classiques, le marché n'est pas une forme « naturelle » et spontanée de fonctionnement de l'économie, mais une construction sociale, politique, organisationnelle et institutionnelle. Historiens de l'Antiquité, du Moyen Âge et ethnologues ont pu s'efforcer de prouver l'existence de marchés, clairement distincts des économies du don ou du troc, il n'en reste pas moins que des marchés sans coordination ne forment pas une économie de marché, notion qui implique un système général et cohérent de marchés coordonnés, régulé par un système de prix, permettant l'ajustement quantitatif de toutes les variables économiques et la circulation de l'information au travers des « signaux » que sont les prix, réalisant une adéquation qualitative entre produits et services offerts et besoins sociaux.
Les historiens de la période moderne, de Max Weber à Fernand Braudel, se sont posé la question du rapport de l'économie de marché avec le capitalisme, notion qui met en avant le critère du capital, élément régulateur et structurant du système de production, plutôt que l'organisation de la confrontation entre offre et demande et la fonction des prix dans la régulation économique. L'économie de marché se définit alors comme un synonyme approximatif du capitalisme selon l'usage courant, ou en opposition avec lui si l'on en croit Braudel. Pour les contemporanéistes, le xixe siècle peut sembler, selon l'intuition de Karl Polanyi, le moment historique où se réalise le mieux un idéal de l'économie de marché, entre un « avant » où elle n'existe pas encore, et un xxe siècle où une partie du monde s'oriente vers une planification centralisée, alors que dans les pays « développés d'économie de marché » les formes de concurrence imparfaite et la régulation économique par l'État l'emportent. Avec l'échec des économies socialistes et la mise en œuvre dans la plupart des pays de politiques actives de libéralisation, la fin du xxe siècle a pu sembler avoir consacré le marché. À l'aune de l'instabilité et des inégalités engendrées se trouve pourtant de nouveau posée la question d'une régulation économique internationale associant étroitement au marché, l'Étatt et les grandes institutions.
Capitalisme et économie de marché : de Braudel à Polanyi
Fernand Braudel (1902-1985) est l'héritier et le continuateur de cette première génération d'auteurs, héritiers de l'historisme allemand comme Max Weber et surtout Werner Sombart, l'auteur du Capitalisme moderne, qui étaient à la fois économistes, sociologues et historiens. Il ajoute à leur approche la rigueur érudite de la méthode historique. La thématique de son œuvre majeure, Civilisation matérielle, économie et capitalisme. XVe-XVIIIe siècle, est révélatrice d'une tentative de relier en une séquence logique ce qui pouvait sembler une succession ou plutôt un recouvrement entre l'apparition de marchés, qui s'est faite lointainement, puisque aux sociétés primitives ont succédé[...]
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Écrit par
- Patrick VERLEY : docteur ès lettres, maître de conférences à l'université de Paris-I
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