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CARBONARISME ou CHARBONNERIE

Société secrète, répandue dans divers États européens pendant le premier tiers du xixe siècle, particulièrement en Italie, où elle suscite les débuts du Risorgimento national. En raison même de sa nature, de la fragmentation de ses structures et de ses localisations, la charbonnerie (appellation française ; les membres italiens de l'organisation se nomment carbonari) demeure mal connue. On a échafaudé quantité de légendes sur son origine, mais les témoignages les plus crédibles la rattachent au courant libéral, antibonapartiste, de dérivation jacobine, qui se manifeste dans certaines régions des Alpes et du Jura. Il se dissimule derrière les formes d'un compagnonnage artisanal de producteurs de charbon de bois, dont l'organisation prendra le nom. Elle influence des officiers italiens enrôlés dans l'armée française, qui l'implantent dans le royaume napolitain de Murat.

De 1806 à 1815, la première phase de la charbonnerie est caractérisée par l'éclosion de « fraternités », sociétés d'entraide créées par des militaires, parallèlement et en concurrence avec les nombreuses loges maçonniques protégées par le gouvernement français. La charbonnerie empruntera en grande partie à la franc-maçonnerie son symbolisme et son rituel initiatique. Sous sa première forme napolitaine, elle est essentiellement antifrançaise et opère contre Murat (qui la persécute violemment) pour le compte des Bourbons et des Anglais.

Après 1815, les objectifs du carbonarisme se précisent dans le sens de la revendication de l'indépendance nationale et de la monarchie constitutionnelle. Organe d'action, beaucoup plus que de pensée, la charbonnerie fait des adeptes parmi les artisans, la petite bourgeoisie, le bas clergé, mais demeure avant tout de recrutement militaire. Elle garde de l'armée le goût de la hiérarchie, en neuf degrés, et elle est cloisonnée en sections de vingt membres (les ventes), auxquelles se superposent les ventes mères et le directoire suprême de la haute vente. Secte d'origine française, enracinée dans le Mezzogiorno italien, la charbonnerie passe dans le nord de la péninsule, où elle voisine avec d'autres associations secrètes du même type (Filadelfi, Adelfi, Federati), que parfois elle absorbe. Après 1821, le centre de direction se transporte de Naples à Gênes, puis à Paris où la charbonnerie réformée est animée, en liaison avec les libéraux français, par des proscrits politiques comme Philippe Buonarroti ou Carlo Bianco di Saint-Jorioz. La secte est dépourvue de programme politique. Elle formule, sous une expression rudimentaire, dans ses « catéchismes », l'aspiration de l'Italie à la libération du joug autrichien et à la conservation des libertés fondamentales élaborées par la Révolution française. Son mode d'action est le pronunciamiento, la sédition fomentée dans des garnisons, sans qu'une liaison soit généralement établie avec les forces populaires ou l'élite libérale qui, seules, pourraient donner une consistance à la révolution. D'où les échecs successifs des conspirations des carbonari, activement surveillés par la police des États réactionnaires. La diffusion de la charbonnerie est inégale. Elle est très sporadique en Toscane, plus forte en Piémont et, surtout, dans les royaumes absolutistes (États du pape, Deux-Siciles, Lombard-Vénitien).

De 1817 à 1831, le carbonarisme entretient une agitation endémique dans la péninsule. Elle débute par le soulèvement de Macerata, dans les marches pontificales (1817), et elle culmine dans la vague révolutionnaire de 1820-1821, à Naples et en Piémont où Charles-Albert de Savoie-Carignan, héritier du trône, a encouragé les conspirateurs. L'échec de ces mouvements déclenche une répression, sous forme de procès, dans les États de l'Église et dans le Lombard-Vénitien. Les condamnations, puis les[...]

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