CARCASSONNE
La ville de Carcassonne, chef-lieu de l'Aude, rayonne bien au-delà de sa région. Témoignage monumental de son passé médiéval, la Cité (la ville haute) a été inscrite en 1997 par l'U.N.E.S.C.O. au Patrimoine mondial de l'humanité, un an après le canal du Midi qui traverse la commune. Devenue pièce maîtresse de la promotion touristique en terres cathares, elle sert l'image du département. Sans doute moins connue, mais également digne d'intérêt, la bastide Saint-Louis (la ville basse) s'élève en contrebas de la Cité.
Les origines de cette agglomération fortifiée, définitivement établie sur une butte dominant l'Aude, fleuve rejoignant la Méditerranée depuis le massif pyrénéen du Carlitte, remontent au viiie siècle avant J.-C. En effet, une première forme d'habitat organisé (site de Carsa) signale déjà cette situation avantageuse entre Atlantique et Midi méditerranéen. Mais ce n'est que deux siècles plus tard que l'oppidum de Carcasso apparaît. C'est d'ailleurs à partir de ce site que la ville romaine est bâtie, dès le iie siècle avant J.-C.
Durant le ier millénaire, conquêtes (Wisigoths au ve siècle) et invasions (Sarrasins au viie siècle) témoignent de sa position hautement stratégique. Au xiie siècle, sous la dynastie des Trencavel, autoproclamés vicomtes de Carcassonne, la prospérité l'emporte. Au sein de la Cité, la cathédrale Saint-Nazaire s'élève non loin du château comtal. Elle présente une nef romane qui sera accompagnée d'un chœur et d'un transept gothiques réalisés à la suite d'un réaménagement de l'édifice à la fin du xiiie siècle.
Mais l'hérésie cathare met un terme à ce rayonnement urbain. Lors du siège de 1209, les croisés menés par Simon de Montfort prennent la Cité, qui est alors rattachée à la couronne de France. À partir de 1248, après que le dernier des Trencavel eut définitivement renoncé à ses droits face à Louis IX, la ville nouvelle est construite dans la plaine, sur la rive gauche de l'Aude, selon un plan orthogonal. Le commerce et l'artisanat s'y développent et font le dynamisme de Carcassonne. Au xiiie siècle, sous l'influence de Philippe III le Hardi, les derniers travaux d'envergure sont réalisés sur les remparts. La Cité royale devient une fortification médiévale exemplaire.
À partir du xve siècle, le renouveau des techniques de guerre et la géopolitique changeante inaugurent une période de déclin qui ne prend fin qu'au xviiie siècle, lorsque la ville devient un centre majeur de l'industrie textile du royaume. Son activité drapière, à destination de Constantinople, Salonique, Le Caire ou Alexandrie, supplante les productions anglaises et hollandaises jusqu'aux années 1780, époque à partir de laquelle la libéralisation de la production entraîne de forts excédents, une perte de qualité et, finalement, la récession. Paupérisée, la Cité, devenue quartier ouvrier, semble condamnée à disparaître.
Mais l'écrivain Prosper Mérimée, inspecteur des Monuments historiques, l'architecte Eugène Viollet-Le-Duc et Jean-Pierre Cros-Mayrevieille, secrétaire de la Société des arts et sciences, rappellent alors l'historicité de l'ensemble architectural : la Cité devient le bien commun à préserver. De nombreuses polémiques, relatives à la conformité historique de la restauration, animeront le vaste chantier de restauration ouvert au milieu du xixe siècle et achevé dans l'entre-deux-guerres.
À l'industrie textile déclinante succède la monoculture de la vigne, notamment aidée par la structuration du réseau ferroviaire qui favorise les exportations. Particulièrement florissante après les années 1860, la viticulture audoise surmonte la crise du phylloxéra, qui ne touche que tardivement son vignoble, mais l'impossibilité d'écouler une[...]
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Écrit par
- Régis KEERLE : maître de conférence en géographie, Université de Rennes
- Laurent VIALA : docteur de l'université de Montpellier-III, attaché temporaire d'enseignement et de recherche
Classification
Médias
Autres références
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BERNARD DÉLICIEUX (mort en 1320)
- Écrit par Jacques DUBOIS
- 621 mots
Né à Montpellier, entré chez les Frères mineurs en 1284, Bernard Délicieux était lecteur, c'est-à-dire professeur, au couvent de Carcassonne, dans lequel en 1296 plusieurs citoyens de la ville poursuivis par les inquisiteurs vinrent chercher refuge. Bernard et les autres religieux défendirent...