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BUCHHEISTER CARL (1890-1964)

Carl Buchheister est né le 17 octobre 1890 à Hanovre, où ses parents avaient une boutique d'artisans. Après avoir obtenu son baccalauréat en 1910, il trouve un travail temporaire dans une maison de commerce de Brême. Voulant alors apprendre à dessiner, il suit dans cette ville des cours municipaux qui sont proposés, le soir, à l'École d'arts appliqués. En 1911-1912, après un nouveau travail tout aussi précaire comme employé-stagiaire dans une banque de Hanovre, il décide de devancer l'appel aux armées pour bénéficier, selon les dispositions en vigueur, d'un service militaire réduit à un an. Il est incorporé dans un régiment d'artillerie en Lorraine. À peine est-il rentré que survient la guerre. Patriote, il y part avec enthousiasme. Au bout de quelques mois, il déchante, sans néanmoins jamais désespérer de la victoire de l'Allemagne. Pour oublier les horreurs du front, il se réfugie dans le dessin. Avec un réalisme qui rappelle le trait acéré de l'artiste antimilitariste flamand Frans Masereel, il accumule des centaines de croquis au crayon sur la vie des soldats. Sous cet aspect, l'expérience de la guerre lui est bénéfique : il découvre sa vocation.

L'armistice une fois signé, Buchheister retrouve Hanovre et essaie de vivre de ses tableaux, essentiellement des portraits en un style classiquement réaliste. Sa rencontre de Kurt Schwitters, qui entretient des rapports avec le Néerlandais Théo Van Doesburg et sa revue De Stijl, a pour conséquence une transformation décisive de ses intentions esthétiques. En 1923, il prend le chemin de l'abstraction sur un mode « constructiviste ». À Berlin, quelques-uns de ses travaux abstraits sont exposés par Herwarth Walden, le directeur de la revue Der Sturm. En 1924, il participe à l'exposition de printemps du musée de Hanovre en présentant un choix plus vaste de ses compositions constructivistes. Il remporte un franc succès et plusieurs de ses œuvres sont achetées par des collectionneurs.

À l'initiative de Schwitters, il participe à la fondation du groupe des Abstraits de Hanovre, le 12 mars 1927. Le nom de ce groupe dont il est partie prenante, avec Rudolf Jahns, Hans Nitzschke, Friedrich Vordemberge-Gildewart, et auquel s'adjoint plus tard César Domela, est donné avec dérision par Schwitters, parodiant les libellés de l'époque, pour la branche « locale » d'une prétendue « Association internationale des expressionnistes, cubistes et futuristes ». Son programme est volontairement conçu à partir d'un vocabulaire lui-même issu du registre parodique : « La justification de la vie et l'objectif de l'art sont de créer des hommes nouveaux qui forment la nouvelle société. »

Au-delà de cette attitude provocatrice, le courant que les uns et les autres représentent en commun est considéré avec sympathie dans le monde artistique allemand et sa réputation dépasse vite les frontières de l'Allemagne. Au point que Michel Seuphor sollicite leur participation quand il envisage, à Paris, la première exposition internationale rassemblant un art abstrait géométrique, peu ou prou apparenté à celui de Théo Van Doesburg et Piet Mondrian. Cette exposition, inaugurée le 18 avril 1930, pose les bases du futur groupe Abstraction-Création, que met sur pied le Belge Georges Vantongerloo en 1931.

Carl Buchheister est aussitôt membre d'Abstraction-Création et va le rester jusqu'en 1936. À cette date, son avenir de peintre abstrait se trouve compromis par la politique de l'Allemagne, tombée sous la coupe des nazis. En 1933, il estimait naïvement que Hitler et ses comparses avaient bien d'autres soucis que de s'attaquer à l'art qu'ils n'aimaient pas. En 1938, trois de ses tableaux sont retenus pour figurer dans l'exposition d'art « dégénéré » de Hambourg, et la peinture abstraite est publiquement vilipendée. Il ne peut plus[...]

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  • ABSTRAITS DE HANOVRE

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    Au sein du groupe, on peut distinguer deux tendances, l'une réunissant Jahns et Buchheister, l'autre Vordemberge-Gildewart et Nitzschke.