DITTERSDORF CARL DITTERS VON (1739-1799)
Né à Vienne, fils d'un brodeur à la cour et au théâtre, Ditters sert d'abord comme page chez le prince de Saxe-Hildburghausen, qui lui permet de parfaire sa formation de violoniste avant de le faire engager comme soliste dans l'orchestre de l'Opéra, alors dirigé par Gluck, en 1761. Deux ans plus tard, il accompagne Gluck à Bologne. En 1764, il succède à Michael Haydn à la tête de la chapelle de l'évêque de Grosswardein, dans l'est de la Hongrie, et y reste jusqu'en 1769, date à laquelle cette chapelle est dissoute. Ayant rencontré au cours d'un voyage le prince-évêque de Breslau, il est engagé par lui comme maître de chapelle et comme garde forestier, fonctions qu'il conservera vingt-six ans, jusqu'à la mort du prince en 1795. Il a été anobli en 1773, et fait plus tard, comme Gluck, chevalier de l'Éperon d'or. À Vienne, où il peut souvent se rendre, il joue en quatuor avec Mozart et Haydn, son ami de jeunesse, et fait représenter en 1786 un opéra, Docteur et apothicaire (Doktor und Apotheker), qui éclipse jusqu'aux Noces de Figaro. Dans la faveur du public viennois, la même année, à l'apogée de sa carrière, il fait entendre dans la capitale plusieurs de ses douze symphonies descriptives inspirées par Les Métamorphoses d'Ovide ; il est même reçu en audience par l'empereur Joseph II, ce qui donne lieu entre eux à un curieux dialogue sur les mérites respectifs et comparés de Haydn et de Mozart. En 1789, il est reçu à Berlin par le roi Frédéric-Guillaume II. Jusqu'ici, la fortune lui a été favorable, mais ses dernières années vont se dérouler dans la misère et l'isolement, au château de Rottlhotta en Bohême, où, paralysé par la goutte, il compose encore des opéras et des œuvres instrumentales. Il meurt deux jours après avoir achevé de dicter ses Mémoires à son fils, laissant une production abondante dont quatre oratorios, quatre messes, une quarantaine d'opéras (bouffes ou sérieux, allemands ou italiens), environ cent trente symphonies (dont une cinquantaine éditées de son vivant), des concertos et des symphonies concertantes (dont certains font appel à la contrebasse), six remarquables quatuors à cordes et de la musique instrumentale de toute sorte. Avec lui s'éteignait un parfait compositeur d'Ancien Régime, mais aussi le seul natif de Vienne contemporain de Haydn et de Mozart à avoir échappé à l'oubli.
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Écrit par
- Marc VIGNAL : musicologue, journaliste
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