MENGER CARL (1840-1921)
Considéré avec Jevons et Walras comme l'un des fondateurs de l'école marginaliste, titulaire de la chaire d'économie politique à l'université de Vienne et membre du Sénat, Carl Menger a exercé sur la pensée économique une influence considérable qui s'est manifestée tant au point de vue doctrinal qu'au point de vue méthodologique.
L'apport théorique essentiel de Menger se trouve dans ses Grundsätze der Volkswirthschaftslehre (Principes d'économie politique, 1871, Principles of Economics dans la traduction anglaise de 1976). On trouve dans cet ouvrage une théorie des biens reconnus aptes à satisfaire des besoins humains, et disponibles pour cette fonction, et des biens économiques dont la quantité disponible est inférieure à la quantité désirée. Les biens peuvent être classés en biens de premier rang lorsqu'ils sont immédiatement consommables ou en biens de rang supérieur lorsqu'ils sont des biens capitaux. La valeur de ces derniers n'est que le reflet de la qualité des précédents (ce qui constitue le problème de la remontée de la valeur). La valeur liée aux besoins repose donc sur l'utilité et sur la rareté relative des biens ; elle est un phénomène subjectif. La mesure de la valeur d'un bien dépend ainsi de la satisfaction du dernier besoin satisfait : la théorie de la « moindre jouissance » est analogue, dans son principe, au degré final d'utilité de Jevons. La table de Menger montre qu'on peut tirer une plus grande jouissance de la satisfaction de besoins secondaires que de besoins primaires déjà satisfaits. Dans un article intitulé Monnaie (Geld, 1892), Menger amorce l'application de la théorie subjective de la valeur aux problèmes monétaires. Mais là comme dans le problème de l'imputation, il ne fera qu'effleurer les questions que Wieser, au contraire, examinera au fond.
Dans sa controverse avec l'école historique allemande, Menger s'oppose à Schmoller sur les questions méthodologiques (Methodenstreit). Selon lui, ainsi qu'il le démontre dans Recherches sur la méthode des sciences sociales et de l'économie politique en particulier (Untersuchungen über die Methode der socialwissenschaften und der politischen Oekonomie insbesondere, 1883), l'économie a un fondement individualiste ; aussi doit-on examiner le comportement rationnel des individus pour comprendre le processus économique total. Cette approche atomistique et déductive s'oppose à l'approche historique et inductive de Schmoller.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Guy CAIRE : professeur de sciences économiques à l'université de Paris-X-Nanterre
Classification
Média
Autres références
-
AUTRICHIENNE ÉCOLE, économie
- Écrit par Pierre GARROUSTE
- 1 607 mots
En 1871, la publication des Principles of Economics de Carl Menger inaugure ce qui va devenir un nouveau courant de la pensée économique : la tradition économique autrichienne. S'il est considéré, avec le Britannique Stanley Jevons et le Français Léon Walras, comme le co-inventeur du...
-
ÉCONOMIE (Histoire de la pensée économique) - Les grands courants
- Écrit par Jérôme de BOYER
- 8 689 mots
- 10 médias
Parallèlement, en Angleterre avec Stanley Jevons (1871, Théorie de l'économie politique), en Autriche avec Carl Menger (1871, Grundzätze der Volkswirtschaftslehre[Principes d'économie politique]) et en France avec Léon Walras (1874, Éléments d'économie politique pure), on assiste... -
ÉCONOMIE (Histoire de la pensée économique) - Marginalisme
- Écrit par Jean-Sébastien LENFANT
- 2 035 mots
- 1 média
Deuxième auteur fondateur,Carl Menger est aussi le père de ce qui est devenu la tradition économique autrichienne. Pour autant, son œuvre donnera lieu très tôt à des conflits d'interprétation et à des orientations théoriques et politiques divergentes. La pensée de Menger inaugure deux thèmes majeurs... -
ÉCONOMIE (Histoire de la pensée économique) - Théorie néo-classique
- Écrit par Jean-Marc DANIEL
- 2 844 mots
- 2 médias
...néoclassique. Mais les trois plus importants initiateurs en sont le Français Léon Walras (1834-1910), qui enseigne à Lausanne, l'Anglais Alfred Marshall (1842-1924), enseignant à Cambridge, et l'Autrichien Carl Menger (1840-1921), fondateur de ce que l'on appelle l'école autrichienne.