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SANDBURG CARL (1878-1967)

Fils d'immigrants suédois et grand barde américain, Carl August Sandburg, né à Galesburg (Illinois), serait une sorte de Whitman laïque des grandes cités. Principalement connu pour ses Chicago Poems, qui lui valurent la célébrité dès 1916, et pour sa passion pour l'histoire orale et chantée des États-Unis populaires (The American Songbag, 1927 ; The New American Songbag, 1950), il est l'un des nombreux poètes venus à maturité au moment de l'explosion poétique de la « renaissance de Chicago » (1912). Pénétré des valeurs du Middle West et hostile à tout académisme, Sandburg se veut poète du peuple et partage les colères et les enthousiasmes des humbles ; la forme whitmanienne de son vers libre dit sa volonté de parole haute ; son long travail sur Abraham Lincoln (dont il composa une remarquable biographie en six volumes (The Prairie Years, 1926 et The War Years, 1939) traduit sa vénération pour ce héros populaire ; son engagement politique aux côtés du Parti social démocrate et l'activité journalistique de toute sa vie révèlent son ardeur militante ; les titres de ses recueils soulignent cette thématique première : Cornhuskers (1918), Smoke and Steel (1920), Slabs of the Sunburnt West (1922), Good Morning America (1928), The People, Yes (1936).

Après avoir quitté l'école à treize ans pour travailler à divers emplois manuels, il voyagea dans l'Ouest avant de rentrer en Illinois comme peintre en bâtiment. Soldat volontaire lors de la guerre hispano-américaine de 1898, il reprit ensuite ses études, comme salarié, à Lombard College. Sa carrière militante débute en 1910, lorsqu'il devient secrétaire du maire socialiste de Milwaukee. Devenu journaliste, il écrit les éditoriaux du Daily News de Chicago et collabore à de nombreuses publications, suivant de près la vie syndicale et politique. Son autobiographie (Always the Young Strangers, 1953) retracera avec humour cette partie de sa vie.

Son premier recueil, In Reckless Ecstasy (1904), n'avait guère reçu l'assentiment critique. Un temps proche des imagistes et de l'avant-garde plasticienne (il épouse en 1908 Lillian Steichen, sœur du photographe), Sandburg révéla sa capacité à faire briller l'ordinaire et le quotidien avec les Chicago Poems. C'est à l'abondance, l'accumulation et l'avalanche des faits et des détails concrets que Sandburg confie la force de son impact poétique, refusant ainsi à sa diction un contrôle et un discernement qui manqueront à ses volumes ultérieurs, d'aspect plus mécanique et répétitif. La force, le débit de ses grands vers libres tournent parfois au rythme indifférencié d'une prose incantatoire à l'inégal effet.

Actif sur de trop nombreux fronts, Sandburg ne produira guère de recueil de poèmes qui vaille après la Seconde Guerre mondiale. Un roman, Remembrance Rock (1948), suit son installation à Connemara Farm, en Caroline du Nord, en 1945.

Célèbre, il voit alors sur lui s'accumuler les honneurs, qui n'entament pas sa légendaire simplicité. Reçu par les grands, poète-lauréat d'Illinois, prix Pulitzer de poésie en 1951, il reçoit des mains du président Johnson en 1964 la médaille présidentielle de la Liberté. Il meurt chez lui, à Flat Rock, le 22 juillet 1967.

Poète attachant, homme chaleureux et généreux, Sandburg est aussi l'auteur de nombreux recueils d'histoires et de poèmes pour enfants (Rootabaga Stories, 1922 ; Rootabaga Pigeons, 1923 ; Rootabaga Pigeons, 1929 ; Potato Face, 1930 ; Wind Song, 1960) ainsi que de plusieurs ouvrages documentaires.

— Marc CHÉNETIER

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, docteur ès lettres, professeur de littérature américaine à l'université d'Orléans

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  • ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) - La littérature

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    Si Carl Sandburg a voulu écrire une poésie de la vie moderne, de la ville et de la machine, de la démocratie américaine au xxe siècle, beaucoup ont au contraire choisi l'Amérique du passé, comme Faulkner dans son comté de Yoknapatawpha, où il voit d'un œil soupçonneux la montée des Snopes, ou Steinbeck...