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SCHEELE CARL WILHELM (1742-1786)

Chimiste suédois, né le 9 décembre 1742 à Stralsund (Poméranie, auj. Allemagne), mort le 21 mai 1786 à Köping (Suède).

Carl Wilhelm Scheele développe son intérêt pour la chimie durant ses huit années d'apprentissage chez un apothicaire de Göteborg. En 1765, il part travailler chez un apothicaire de Malmö, où l'anatomiste Anders Jahan Retzius (1742-1821), de l'université de Lund, lui fait rencontrer de nombreux savants. Scheele se rend à Stockholm en 1768 pour se rapprocher des cercles scientifiques, puis à Uppsala en 1770. C'est là qu'il fait la connaissance des célèbres chimistes Johan Gottlieb Gahn (1745-1818) et Torbern Olof Bergman (1735-1784). Cinq ans plus tard, il s'installe définitivement dans la petite ville de Köping où il ouvre sa propre boutique. Il ne se rendra alors à Stockholm que pour passer son examen d'apothicaire et accepter son poste à l'Académie royale des sciences en 1775. Cette dernière lui verse une pension annuelle qui lui permet de poursuivre ses expériences. Scheele mourra prématurément en 1786, probablement à cause des vapeurs de cyanure et d'arsenic longuement inhalées dans un laboratoire mal ventilé.

Scheele développe un talent d'analyse hors pair d'autant plus remarquable qu'il travaille dans des conditions rudimentaires. Il ne possède pas de four assez puissant pour porter à haute température les substances chimiques qu'il veut analyser, et ses instruments sont ceux qu'il trouve dans sa boutique. Il crée cependant, à l'aide de tubes, de cornues et de vessies de bœuf desséchées, des dispositifs expérimentaux très ingénieux pour étudier les gaz.

En 1770, le nom de Scheele apparaît pour la première fois dans un article de Retzius sur l'acide tartrique, auquel il a largement contribué. À la demande de Bergman, Scheele publie en 1774 les résultats de ses expériences sur la « magnésie noire » (pyrolusite). Il constate en effet qu'en présence d'acide « muriatique » (acide chlorhydrique) cet oxyde dégage un gaz alors inconnu, qu'il nomme acide « oxymuriatique » (chlore). Il soupçonne en outre que la pyrolusite contient un nouveau métal (le manganèse) qu'il ne parvient pas à isoler. Il annonce enfin la découverte de la base du baryum, la baryte.

Scheele mène des recherches dans tous les domaines de la chimie. Il étudie surtout les acides minéraux (arsénique, molybdique, tungstique), mais identifie aussi la molybdénite et le graphite, travaille sur le phosphore et ses composés, étudie l'effet de la lumière sur le chlorure d'argent et détermine les propriétés de l'acide fluorhydrique ainsi que de nombre de ses sels. Scheele apporte en outre des contributions majeures à la chimie organique. Il étudie ou isole pour la première fois de nombreux acides organiques, dont les acides tartrique, oxalique, lactique, mucique, urique, prussique (cyanhydrique), citrique, malique, gallique et pyrogallique, ainsi que de multiples autres substances organiques telles que la caséine, les aldéhydes et la glycérine (glycérol).

Scheele reste cependant surtout célèbre pour sa découverte de l'oxygène, décrite dans le seul ouvrage qu'il publiera, Chemische Abhandlung von der Luft und dem Feuer (1777, Traité chimique de l'air et du feu). Il découvre cet élément seul, au même moment que l'Anglais Joseph Priestley (1733-1804). Comme la plupart des chimistes du xviiie siècle, tous deux pensent que l'air contient au moins deux gaz différents : l'un alimentant la combustion, l'autre non. Scheele établit que le premier gaz représente environ un quart de l'air ordinaire. Pour isoler un échantillon pur de ce gaz, il tente de chauffer diverses substances, telles que l'oxyde mercurique et la pyrolusite. Nommant le gaz nécessaire à la combustion « air du feu », il interprète ses résultats à la lueur de la théorie[...]

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Écrit par

  • : professeur agrégé au département d'histoire des sciences et des idées à l'université d'Uppsala, Suède, auteur
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Autres références

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