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CIAMPI CARLO AZEGLIO (1920-2016)

À travers les diverses fonctions qu’il a occupées, Carlo Azeglio Ciampi a profondément marqué la vie de l’Italie contemporaine. Né à Livourne (Toscane) le 9 décembre 1920, il fait des études de lettres à l’École normale de Pise. Mobilisé en 1941, il rejoint l’armée italienne en Albanie. Le 8 septembre 1943, il se trouve en permission en Italie lorsqu’il apprend la signature de l’armistice. Il décide alors de rejoindre la Résistance et d’échapper à la conscription obligatoire instaurée par la République sociale de Salò. Après avoir traversé les lignes allemandes, il se cache pendant plusieurs mois dans les Abruzzes, en compagnie du professeur Guido Calogero, qui l’invite à rejoindre le Parti d’action, éphémère mouvement issu de la Résistance. Ce sera le seul engagement partisan de la vie de Ciampi.

Après une courte expérience de l’enseignement, il est reçu en 1946 au concours d’entrée à la Banque d’Italie, où il passera quarante-sept ans, gravissant tous les échelons. Il travaille d’abord dans la filiale de Macerata (Marches), puis au bureau des études, où il parfait ses connaissances en économie, avant d’en devenir le directeur général. En 1979, la Banque d’Italie connaît le moment le plus dramatique de son histoire. Son gouverneur, Paolo Baffi, remet sa démission après avoir été injustement mis en cause par la magistrature romaine avec son adjoint Mario Sarcinelli (les deux hommes seront blanchis par la suite). Très lié à Baffi, Ciampi lui succède à la tête de la Banque d’Italie le 8 octobre 1979, six mois après l’entrée de la lire dans le système monétaire européen (SME).

Pendant son long mandat de gouverneur (1979-1993), Ciampi mène d’importantes réformes, telles que l’indépendance de la Banque d’Italie (juillet 1981), désormais dispensée de l’obligation d’acheter les bons du Trésor restés invendus. En 1988, il participe aux travaux du comité Delors, appelé à définir les conditions techniques du passage à la monnaie unique européenne. Dans un contexte marqué par une forte inflation, Ciampi essaie de stabiliser la lire italienne, qui parvient à rentrer dans la bande de fluctuation restreinte du SME (janvier 1990) et met en œuvre la libre circulation des capitaux (mai 1990). Cette série de succès est interrompue par la tempête monétaire de septembre 1992. La lire doit être dévaluée, ce qui conduit Ciampi à remettre sa démission, aussitôt refusée.

En avril 1993, le président de la République Oscar Luigi Scalfaro le charge de former un gouvernement, une première pour un technicien ne siégeant pas au Parlement. Cela répond aussi au désir de changement des Italiens, secoués par les scandales de corruption impliquant un grand nombre de personnalités politiques. Indépendant de tout parti, Ciampi dirige jusqu’en mai 1994 le « gouvernement des professeurs », qui met en place une réforme de la fonction publique, de nombreuses privatisations et la « concertation », un système de négociation collective qui aboutit à un accord entre patronat et syndicats. Au cours de la période sont approuvées de nouvelles lois électorales, qui introduisent un système mixte au Parlement (majoritaire à 75 p. 100 et proportionnel à 25 p. 100) et l’élection directe des maires et des présidents de provinces. À la même époque, une série d’attentats d’origine mafieuse touche Rome, Milan et le musée des Offices à Florence. Ciampi révélera, bien des années plus tard, avoir craint un coup d’État, car son maintien à la présidence du Conseil était vu d’un mauvais œil.

De 1996 à 1999, il est ministre de l’Économie et des Finances dans les gouvernements de centre gauche. Artisan d’un redressement spectaculaire des comptes publics, grâce à une politique de rigueur, à la baisse des taux d’intérêt et à l’instauration d’un impôt européen, Ciampi devient le principal garant de l’orthodoxie[...]

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  • ITALIE - La vie politique depuis 1945

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    ...décide, pour la première fois dans l'histoire républicaine, de nommer à la présidence du Conseil un non parlementaire, le gouverneur de la Banque d'Italie, Carlo Azeglio Ciampi. La mesure montre le pouvoir effectif du président de la République. Elle illustre aussi l'ampleur de la crise politique : Ciampi,...