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CATTANEO CARLO (1801-1869)

Patriote italien, représentant le plus éminent du courant fédéraliste, dans le Risorgimento. D'une famille de souche terrienne, Carlo Cattaneo acquiert une vaste culture humaniste et économique. Professeur et publiciste, il se passionne pour les transformations qui, sous l'impulsion de la bourgeoisie d'affaires, commencent à moderniser l'agriculture et l'industrie de la Lombardie. Entre 1839 et 1844, il édite Il Politecnico, dont le sous-titre définit bien le programme : « Répertoire mensuel d'études appliquées à la culture et à la prospérité sociale ». Esprit critique, positif et réaliste, il est sensible à l'idéal d'indépendance nationale et de liberté politique qui anime l'élite italienne, mais il se défie de l'action romantique des sectes. Étranger au grand débat, qu'il juge anachronique, entre les néo-guelfes, qui voient dans la papauté l'élément régénérateur de la péninsule, et les néo-gibelins, qui rêvent d'un État unifié par un gouvernement laïque, c'est un républicain démocrate, pour qui le Risorgimento ne sera pas réalisé par « les prophètes de l'espérance », mais par un processus graduel d'insertion de l'Italie dans l'Europe moderne. Le « mondialisme » de sa pensée lui fait redouter les excès du nationalisme qui, dans un État italien unifié, ferait passer la volonté de puissance avant la liberté individuelle. L'émancipation de la Lombardie, qui est au centre des préoccupations de Cattaneo, doit passer, dans une première phase, par une coexistence avec les autres nationalités de l'Empire autrichien, transition vers une fédération indépendante des peuples italiens. En septembre 1848, il lance sa célèbre formule des « États-Unis d'Europe », à laquelle il demeurera indéfectiblement attaché. La révolution de 1848 marque le début du conflit qui va désormais le placer à contre-courant de la politique de ralliement des patriotes à la maison de Savoie, puis du processus unitaire. Chef du Conseil de guerre lors de la révolte milanaise des Cinq Journées contre l'Autriche, Cattaneo s'oppose de toutes ses forces à la fusion de la Lombardie avec le Piémont, et, en août, il part pour Paris, où il publie son ouvrage L'Insurrection de Milan en 1848 (publié en français). Il se fixe ensuite à Castagnola, dans le Tessin. Rebelle à toutes les compromissions tactiques, il fait de la Tipografia elvetica de Capolago une tribune pour ses convictions fédéralistes et républicaines. Rentré en Italie, au lendemain de la victoire franco-piémontaise sur l'Autriche (1859), il s'élève contre la politique annexionniste de Cavour, en Lombardie et en Italie centrale, et il ne siège pas à la Chambre, après son élection de député de Milan (1860), pour ne pas prêter serment à Victor-Emmanuel II. Lors de l'expédition de Sicile (mai-août 1860), Garibaldi l'appelle à ses côtés et veut le nommer prodictateur. Mais, lorsqu'il voit que la solution démocratique et républicaine est écartée, au profit de l'annexion au royaume d'Italie, il regagne le Tessin. En 1867, réélu à Milan, il persiste dans son abstention de participer aux travaux parlementaires. Carlo Cattaneo apparut longtemps comme un « vaincu » du Risorgimento. La faillite de l'État monarchique centralisé et sa capitulation devant le fascisme ont donné à sa pensée un grand regain d'actualité, après 1945. Elle est invoquée comme l'une des sources de la régionalisation administrative, inscrite dans la Constitution républicaine de 1948, et par les partisans de l'adhésion de l'Italie aux institutions communautaires européennes.

— Paul GUICHONNET

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