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LIZZANI CARLO (1917-2013)

Grande figure de la culture italienne, Carlo Lizzani, né à Rome en 1922, a largement débordé les frontières de son métier de cinéaste. Plusieurs ouvrages l’ont inscrit dans le panorama des témoins privilégiés de l’histoire du xxe siècle : Attraverso il Novecento (1998), Il miolungoviaggionelsecolobreve (2007), Il girodelmondoin 35 mm (2012). On retiendra aussi sa Storiadelcinema italiano (1953), traduite en français en 1955 avec une préface de Georges Sadoul. Lizzani avait une tendance naturelle à jouer les autorités morales, comme on a pu le voir lorsqu’il enseignait au Centro Sperimentale di Cinematografia (1976-1978), dirigeait le festival de Venise (1979-1983) ou présidait l’Associazione Nazionale Autori Cinematografici (1994-2002).

Critique dans les revues Cinema et Bianco e Nero dans les dernières années du fascisme –  là où s’élaborait une réflexion sur le cinéma italien qui conduirait au néo-réalisme –, assistant d’Aldo Vergano (Le soleil se lèvera encore, 1946), Giuseppe De Santis (Chasse tragique, 1947 ; Riz amer, 1949), Roberto Rossellini (Allemagne année zéro, 1948), Alberto Lattuada (Le Moulin du Pô, 1949), il débute dans la réalisation avec un documentaire sur l'Italie du Sud (Nelmezzogiornoqualcosa è cambiato, 1950). Il reprend dans son premier long-métrage, Achtung !Banditi (1951), évocation de la Résistance à Gênes, les leçons des cinéastes avec lesquels il a travaillé. En 1953, avec Dans les faubourgs de la ville (Ai marginidellametropoli), inspiré d’un fait divers dramatique, et surtout avec un épisode (L'amoreche si paga,sur la prostitution) du film collectif L'Amour à la ville (L'amore in città), il est parmi ceux qui tentent de maintenir la ligne zavattinienne du néo-réalisme, qui transporte la caméra dans les rues.

Mais c'est La Chronique des pauvres amants (Cronache di poveriamanti, 1954) qui lui vaut le grand prix international du festival de Cannes. Adaptant le roman de Vasco Pratolini, il reconstitue l'atmosphère de violence et de terreur de l'Italie fasciste dans la Florence des années 1930. Il reste fidèle au souvenir de cette époque tragique dans Le Bossu de Rome (Il gobbo, 1960), histoire d’un résistant – interprété par Gérard Blain – qui bascule après la guerre dans la délinquance ; Traqués par la Gestapo (L'oro di Roma, 1961), sur la déportation des juifs de Rome ; Le Procès de Vérone (Il processo di Verona, 1963), sur l'exécution de Ciano – beau-fils de Mussolini et ministre des Affaires étrangères –, jugé comme « traître » par les mussoliniens irréductibles de la République de Salò ; Les Derniers Jours de Mussolini (Mussolini, ultimo atto, 1974) sur la fin du fascisme et la mort de son chef. Rod Steiger y campe un duce impressionnant.

Simultanément, Carlo Lizzani multiplie les films de genre, westerns – en particulier Requiescant (1966), où il dirige Lou Castel et Pier Paolo Pasolini –, films policiers et même films érotiques (KleinhoffHotel, 1977, avec Corinne Cléry). Sur le thème du banditisme, il s’illustre avec Lutring (Svegliati e uccidi, 1966), Bandits à Milan (Banditi a Milano, 1968), La Vengeance du Sicilien (Torino nera, 1972). Il témoigne ensuite sur le terrorisme politique d’extrême droite avec San Babila ore 20 : un delitto inutile (1976), film dans lequel des néo-fascistes assassinent un couple d’opposants politiques. Il revient à l'inspiration de ses débuts avec Fontamara (1979), adaptation du roman d'Ignazio Silone qui relate les premières années du fascisme à travers le portrait d'un paysan méridional que sa prise de conscience conduit à une vaine tentative de résistance.

Dans la filmographie de Lizzani, on relève aussi quelques œuvres insolites, comme Lo svitato(1956) avec Dario Fo et Franca Rame, Il carabiniere a cavallo (1961), comédie écrite par Ruggero Maccari et Ettore[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite, université professeur émérite, université Paris I-Panthéon Sorbonne

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