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GIULINI CARLO MARIA (1914-2005)

Carlo Maria Giulini est l'un des rares chefs d'orchestre du xxe siècle à avoir mené sa carrière selon sa propre volonté, en dehors de toute pression médiatique ou commerciale, par seul souci de la musique. Unanimement respecté et souvent vénéré dans sa période de maturité, il a suivi un cheminement introspectif qui a dérouté progressivement bon nombre de ses admirateurs ; engagé dans une recherche de la perfection impossible, montrant une soif de musique absolue sans compromis, son aspiration à conserver intacte la passion du concert l'a amené à limiter volontairement ses apparitions, jusqu'au jour où il a décidé de cesser de diriger.

Il gentilissimo

Carlo Maria Giulini, né à Barletta, dans le sud de l'Italie, le 9 mai 1914, passe une partie de son enfance à Bolzano, dans le Trentin-Haut-Adige, région d'où sa famille est originaire. Il étudie tôt le violon, et entre à seize ans à l'Académie de Sainte-Cécile de Rome, où il travaille le violon et l'alto avec Remy Principe, la composition avec Alessandro Bustini – un des maîtres de Goffredo Petrassi et de Bruno Maderna – et la direction d'orchestre avec Bernardino Molinari ; il se perfectionne en direction auprès d'Alfredo Casella à l'Accademia musicale Chigiana de Sienne. Engagé comme altiste à l'Orchestre de l'Augusteo de Rome, il joue sous la direction des plus grands chefs : Richard Strauss, Bruno Walter, Willem Mengelberg, Wilhelm Furtwängler, Otto Klemperer, Erich Kleiber, Victor De Sabata... Par conviction antifasciste, il se cache durant la Seconde Guerre mondiale pour échapper à l'incorporation dans l'armée italienne. Il célèbre la libération de Rome par les alliés, en 1944, en dirigeant un concert à la tête de l'Orchestre de l'Académie de Sainte-Cécile (nouvelle dénomination de l'Orchestre de l'Augusteo). Aussitôt engagé comme chef assistant de l'Orchestre symphonique de la R.A.I. à Rome, il y débute dans la direction d'opéra en 1945, avec une retransmission radio de Il Trionfo dell'onore d'Alessandro Scarlatti, et en devient premier chef en 1946.

En octobre 1951, Giulini fait ses débuts lyriques à la scène en dirigeant La Traviata de Verdi au Teatro Donizetti de Bergame – avec Maria Callas dans le rôle-titre – et il participe cette même année à la fondation de l'Orchestre symphonique de la R.A.I. à Milan, avec lequel il va donner en studio de nombreux opéras alors peu connus : Axur, re d'Ormus d'Antonio Salieri (1950), Don Procopio de Georges Bizet (1950), I Due Foscari de Verdi (1951), Il Mondo della luna de Joseph Haydn (1951), un dramma giocoso alors peu connu ; la retransmission radio de ce concert attire l'attention de Toscanini, qui le fait entrer à la Scala de Milan, où il débute en 1952 dans La Vie brève de Manuel de Falla et devient l'assistant de Victor De Sabata, auquel il succède comme chef permanent en 1953. Titulaire de ce poste jusqu'en 1956, il va diriger à la Scala des œuvres nouvelles dans le répertoire de l'illustre maison : Le Couronnement de Poppée de Monteverdi dans l'édition de Giorgio Federico Ghedini, Le Château de Barbe-Bleue de Bartók... 1955 constitue une date clef dans sa carrière : il dirige La Traviata avec Maria Callas dans le rôle-titre, et la célèbre mise en scène de Luchino Visconti. La même année, il dirige Falstaff au festival d'Édimbourg, dans la production de Franco Zeffirelli pour le festival de Glyndebourne, et fait ses débuts aux États-Unis, à la tête de l'Orchestre symphonique de Chicago ; il entretiendra avec cette phalange des relations privilégiées. En 1958, il collabore avec Luchino Visconti pour un mémorable Don Carlo au Covent Garden de Londres.

Joan Sutherland et Carlo Maria Giulini - crédits : Erich Auerbach/ Hulton Archive/ Getty Images

Joan Sutherland et Carlo Maria Giulini

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

Classification

Média

Joan Sutherland et Carlo Maria Giulini - crédits : Erich Auerbach/ Hulton Archive/ Getty Images

Joan Sutherland et Carlo Maria Giulini