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SCARPA CARLO (1906-1978)

L'architecte Carlo Scarpa est né à Venise. En 1926, il obtient à l'Académie des beaux-arts de Venise le diplôme de professeur de dessin d'architecture. Scarpa appartient à la génération qui se forme entre les deux guerres, quand l'architecture passe des décadences du dernier style Liberty à la rhétorique des monuments fascistes. Il rejette l'enseignement académique et étudie pour son propre compte les maîtres de l'Art nouveau (Olbrich et Hoffmann, en particulier) et l'architecture de sa ville (Palladio, notamment).

Entre 1927 et 1947, Scarpa produit très peu : quelques aménagements intérieurs et quelques projets. Il travaille le verre dans les ateliers de Murano, où il apprend le secret de la réalisation patiente, consciente et mesurée des « objets ». De cette expérience lui viendra la passion de « toucher les choses », qui explique sa connaissance intime de la texture de Venise, de ses pierres, de ses matériaux et des différentes techniques qui ont présidé à leur utilisation. Cette passion des textures restera la caractéristique majeure de son œuvre. Son isolement à Murano, « la seule chose possible » pendant les années obscures du fascisme, ne l'empêchera pas de se tenir au courant des nouvelles orientations des arts plastiques en Europe. Il répondra donc à l'appel au renouveau lancé en 1948 par G. Samonà, directeur de l'Institut universitaire d'architecture de Venise. La même année, Scarpa organise la présentation de l'expositionPaul Klee pour la XXIVe biennale. Il aborde ainsi pour la première fois la problématique des expositions d'art : « Placer correctement une œuvre d'art implique qu'on en comprend la nature, le caractère, l'essence la plus spécifique. » Cette expérience formera la base de ses idées, discours sur la muséographie, qu'il développera à maintes reprises par la suite.

En 1951, il rencontre F. L. Wright, venu à Venise pour le fameux projet sur le Grand Canal, rencontre qui scellera pour toujours sa dévotion au maître américain.

Entre 1948 et 1956, Scarpa organise la présentation de nombreuses expositions (G. Bellini, Antonello de Messine, Mondrian...), aménage des musées (notamment certaines salles de l'Académie et du musée Correr à Venise, des Offices à Florence et le musée Abatellis de Palerme) ainsi que des magasins. Il réalise deux pavillons dans les jardins de la Biennale : en 1950, celui du « Livre d'art » et, en 1956, celui du Venezuela, qui le consacrera comme architecte, alors qu'il était auparavant considéré comme un créateur de design.

De 1957 à 1978, son œuvre se caractérise par de nombreux projets d'habitations « non réalisées » : dessinant des centaines d'esquisses et méditant très longuement sur des détails, Scarpa irrite ses clients, qu'il perd souvent. Parmi de rares réalisations, on citera la villa Veritti, à Udine (1955-1961).

À Venise même, Scarpa a très peu construit : en 1958, le magasin Olivetti, sous les arcades des Procuratie Vecchie de la place Saint-Marc. En 1961-1963, il restaure le rez-de-chaussée et aménage le jardin de la Fondation Querini-Stampalia. Cette œuvre lui fera découvrir qu'à Venise « l'eau » est un « matériau ».

Parmi les nombreuses présentations d'expositions que Scarpa réalise tout au long de sa vie, car elles étaient pour lui l'occasion d'aborder différents sujets, celle pour le pavillon de la Vénétie à l'exposition Italia'61 de Turin est la plus brillante par l'utilisation qu'il fait des verres de Murano, des couleurs et de l'eau.

Scarpa a été considéré, à juste titre, comme le grand spécialiste des aménagements de musées. Son chef-d'œuvre est indéniablement celui de Castelvecchio, à Vérone (1956-1964). Dans les musées qu'il a aménagés, Scarpa a su « réinventer » pour le[...]

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Écrit par

  • : architecte, historienne de l'architecture, maître de conférences à l'université de Paris VIII

Classification

Autres références

  • JARDINS - De la révolution industrielle à nos jours

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    • 5 661 mots
    • 3 médias
    ...l'agencement de murs de béton aux couleurs vibrantes et de grandes surfaces d'eau, jouant sur les contrastes d'ombre et de lumière. L'architecte vénitien Carlo Scarpa fait de la tombe de la famille Brion à San Vito di Altivole (1969-1978) un lieu de méditation, reliant les pavillons par des bassins et des...