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SCHMID CARLO (1896-1979)

Universitaire, homme politique et homme de lettres, Carlo Schmid fut l'une des grandes figures de la coopération franco-allemande.

Il naquit à Perpignan le 3 décembre 1896, d'une mère française, issue d'une famille noble, et d'un père allemand qui était professeur. Après des études primaires qui lui laissèrent l'accent du Roussillon, il entra au lycée de Stuttgart. Il renonça en 1914 à la nationalité française et s'engagea comme volontaire dans l'armée allemande. À la fin de la guerre, attiré par le climat révolutionnaire, Carlo Schmid fut élu membre d'un conseil d'ouvriers et de soldats, mais très vite le penchant humaniste l'emporta de nouveau.

De 1919 à 1921, il étudia le droit à Tübingen, où il appartenait aux Wandervogel, le mouvement des jeunes pour le retour à la nature. Il fut également cofondateur d'une association d'étudiants socialistes. Après avoir soutenu sa thèse de doctorat sur le droit des conseils d'ouvriers, il fut en 1924 avocat à Tübingen et, plus tard, juge. Entré en 1927 à l'Institut international de droit public, il soutint deux ans plus tard sa thèse d'État, pour laquelle il obtint une mention élogieuse. Il fut cependant exclu de toute promotion universitaire après 1933 car il prit ses distances à l'égard du national-socialisme, sans devenir pour autant un héros de la Résistance. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il fut conseiller juridique du commandant allemand de la région de Lille. On l'accusa d'avoir livré des résistants, bien qu'il ait sauvé de nombreux otages. En 1947, un tribunal de Metz conclut par un non-lieu l'instruction ouverte contre lui.

C'est à Tübingen, où il s'était retiré, qu'il entame en 1945 une double carrière universitaire et politique. Juriste de renom, il fut professeur de droit international à Tübingen puis à Francfort après 1953. Le gouvernement militaire français le nomme président du secrétariat d'État pour la zone française. Premier chef du gouvernement de Wurtemberg-Hohenzollern, il sera de 1947 à 1950 ministre de la Justice de ce Land. Il adhère au S.P.D. en 1945. Un an plus tard, il préside le S.P.D. du Sud-Wurtemberg. En tant que président du groupe S.P.D. et président de la commission principale, il joue en 1948-1949 un rôle décisif au Conseil parlementaire, l'organe constitué par les Länder pour élaborer la loi fondamentale de la république fédérale d'Allemagne. À ce titre, il est considéré comme un des pères de la Constitution de 1949.

Trop ouvert à toutes les opinions pour ne se consacrer qu'à la lutte pour le pouvoir, Carlo Schmid n'a jamais exercé les plus hautes responsabilités auxquelles il semblait destiné. De 1949 à 1972, il appartient sans interruption au Bundestag ; il en est même le vice-président, à l'exception des années 1966-1969, pendant lesquelles, dans le gouvernement de grande coalition, il exerce les fonctions de ministre fédéral chargé des relations avec les Länder. La présidence du Bundestag lui échappe ainsi que le ministère des Affaires étrangères, bien qu'il ait été jusqu'en 1953 président de la commission des Affaires étrangères du Bundestag et, de 1963 à 1966, président de l'assemblée de l'Union de l'Europe occidentale, qui siège à Paris. En 1959, sa candidature à la présidence de la République contre Heinrich Lübke (C.D.U.) n'avait aucune chance d'aboutir en raison des rapports de force défavorables au S.P.D. qui existaient au sein de l'Assemblée fédérale chargée d'élire le président. Deux ans plus tard, il passait pour le futur candidat du S.P.D. à la chancellerie, mais le parti lui préféra un homme politique plus jeune, Willy Brandt.

Carlo Schmid exerça une influence déterminante sur le S.P.D. de l'après-guerre. Il critiquait la politique[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

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