CARLOMAN (715-754)
Fils aîné de Charles Martel et de Rotrude, Carloman a été élevé, comme son frère Pépin, à Saint-Denis. À la mort de son père, en 741, il reçut la mairie du palais d'Austrasie, tandis que son frère Pépin reçut celle de Neustrie. Dans son lot, outre l'Austrasie, figurent les pays alamans et la Thuringe. Dès le début de leur règne, les deux princes durent faire face à différents problèmes : soulèvement de leur demi-frère Grifon, bâtard de Charles Martel, soulèvement du duc alaman, du duc bavarois, du duc d'Aquitaine. Ils réussirent à reprendre en main la situation et crurent bon de rompre avec la politique de leur père qui gouvernait seul depuis 737. Carloman et Pépin estimèrent prudent de rétablir un roi mérovingien sur le trône. Ils allèrent chercher à Saint-Bertin un descendant de la famille mérovingienne et l'établirent sur le trône en 743. En fait, Childéric III n'était qu'un fantôme de roi, comme il le dit lui-même dans un diplôme : « Childéric, roi des Francs, à l'éminent Carloman, maire du palais, qui nous a établi sur le trône ». Carloman protégea le royaume contre les attaques des Saxons (expéditions de 742 et de 743). Il fit rentrer dans l'obéissance son beau-frère le duc Odilon de Bavière et, en 746, réprima sévèrement une révolte d'Alamans. Il entretint d'excellents rapports avec l'Église, promulguant un diplôme en faveur de l'abbaye de Stavelot en 744 et autorisant les compagnons de Wynfrid (saint Boniface) à s'installer à Fulda. Il demanda à Boniface de l'aider à réformer l'Église franque en réunissant un concile. Cette assemblée, qui se tint en 743, et non, comme on le disait autrefois, en 744, prit d'importantes mesures : interdiction aux clercs de combattre et de vivre comme les laïcs, rétablissement de la hiérarchie, lutte contre les pratiques païennes... Carloman promulgua un capitulaire pour imposer ces décisions. Peu après, une autre assemblée, réunie à Estinnes, ou Leptines, dans le Hainaut, poursuivit l'œuvre réformatrice. Pépin imita son frère lors du concile de Soissons. Pour renforcer l'autorité de Boniface, Carloman voulut lui donner l'évêché de Cologne. Mais, devant l'hostilité d'une grande partie du clergé, il y renonça et installa Boniface comme métropolitain de la province de Mayence (745).
Carloman se sentit alors appelé à la vie religieuse. Il abandonna à son frère Pépin la mairie d'Austrasie et partit pour Rome. Le pape Zacharie lui confia l'abbaye du Mont-Soracte. Puis il chercha plus de solitude en s'installant au Mont-Cassin. Mais son rôle politique n'était pas terminé. Le roi lombard Astolf, menacé par Pépin, demanda en effet à Carloman d'intervenir pour empêcher l'expédition franque. Carloman échoua et Pépin jugea préférable de l'installer dans un monastère à Vienne, près de Lyon, où il mourut peu après. Son fils Drogon a peut-être tenté de s'opposer à son oncle Pépin, mais a été rapidement écarté.
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Écrit par
- Pierre RICHÉ : professeur d'histoire médiévale à l'université de Paris-X
Classification
Autres références
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CAROLINGIENS
- Écrit par Robert FOLZ et Carol HEITZ
- 12 125 mots
- 7 médias
...l'indique nettement. Si Charles n'osa pas prendre le titre royal, il disposa néanmoins du royaume, comme s'il était sien, en faveur de ses deux fils légitimes Carloman et Pépin (Pépin III, dit le Bref), donnant à administrer à l'aîné l'Austrasie, l'Alémanie et la Thuringe, au cadet la ... -
CHILDÉRIC III (mort en 754 ou 755) roi des Francs (743-751)
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Dernier roi mérovingien.
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Deuxième fils de Charles Martel, Pépin devint, après la mort de celui-là, maire du palais en même temps que son frère aîné Carloman. Le mal qu'ils eurent à imposer leur autorité contre leur demi-frère Griffon et contre les ducs des pays limitrophes du royaume contraignit les deux princes...