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KLEIBER CARLOS (1930-2004)

Dans l'ombre du père

La légende de Carlos Kleiber passe par la magie de ses rapports avec les orchestres et les chanteurs. Il demandait un nombre considérable de répétitions qu'il utilisait comme nul autre, avec un sens de la poésie, de l'architecture, du phrasé qui subjuguait. Pour compléter ses répétitions, il faisait passer aux instrumentistes de petits messages pour leur rappeler tel ou tel détail, vite baptisés « Kleibergrams ». Son tempérament était aussi volcanique que raffiné à l'extrême. Toute sa vie, Carlos Kleiber est resté obnubilé par l'ombre de son père, un mélange d'admiration fétichiste et de haine envers un modèle écrasant qui l'avait dissuadé d'embrasser cette carrière. Pourtant, les deux personnalités étaient bien différentes : Erich projetait une image de sûreté et de confiance en soi, Carlos était traversé par le doute et l'angoisse. Perfectionniste exacerbé, il remettait sans cesse sur le métier son approche de ses œuvres fétiches. Son répertoire était restreint : à peine une dizaine d'opéras et autant de symphonies (no 33 de Mozart, no 4, no 5, no 6 et no 7 de Beethoven, no 3 et no 8 de Schubert, no 4 de Brahms), des œuvres que dirigeait son père dont il empruntait les propres partitions (on dit qu'il a revêtu son habit pour diriger des concerts ou des représentations d'opéra).

Quelques moments inoubliables ont marqué sa carrière : une Carmen survoltée à la Staatsoper de Vienne avec Elena Obraztsova et Plácido Domingo (1978), une Bohème de légende à la Scala avec Ileana Cotrubas et Luciano Pavarotti (1979) et sa seule exécution de la Symphonie pastorale de Beethoven (Munich, 1983).

— Alain PÂRIS

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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