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SASTRE CARLOS (1975- )

Carlos Sastre ne compte sans doute pas parmi les plus grands champions de l'histoire du cyclisme. Néanmoins, en remportant en 2008 un Tour de France qualifié de « transition », l'Espagnol a inscrit, à trente-trois ans, son nom au palmarès de la plus célèbre épreuve du monde. « Pour avoir côtoyé Carlos, je sais que gagner le Tour n'est pas capital pour lui », déclara son ancien directeur sportif, Alain Gallopin. Voilà peut-être la clé de la réussite de ce champion tout en nuances, pour qui la famille compte plus que les succès sportifs.

Carlos Sastre est né le 22 avril 1975 à Madrid. Son goût pour le sport cycliste lui vient curieusement : son père, Victor, dirigeant de l'école cycliste d'Ávila, avait loué une chambre à un certain Francisco Ignacio San Román Martín, un passionné de vélo qui réussira à devenir professionnel au sein de la formation Banesto, l'équipe de Miguel Indurain, forçant l'admiration du jeune Carlos. Carlos Sastre fait ses débuts professionnels en 1997 dans l'équipe Once, dirigée par Manolo Saiz. Durant près de cinq ans, son rôle est celui de simple équipier, au service, selon les courses et les années, de Laurent Jalabert ou de Joseba Beloki. En 2002, il est engagé par Bjarne Riis pour le compte de l'équipe C.S.C. et, pendant six ans, il est l'un des piliers de cette formation.

Carlos Sastre réussit quelques performances intéressantes dans les principales épreuves par étapes. En 2005, après le déclassement du « vainqueur », Roberto Heras, convaincu de dopage, il récupère la deuxième place de la Vuelta, derrière le Russe Denis Menchov. Le public français le découvre à l'occasion du Tour de France 2006. Carlos Sastre a en effet acquis, au fil des années, une parfaite connaissance de la tactique et sait observer ses adversaires. Vers La Toussuire, il est le seul à comprendre que Floyd Landis connaît un « jour sans », fait rouler son équipe, et le maillot jaune américain concède plus de 8 minutes à tous ses concurrents. Le lendemain, Landis, dopé, « ressuscite » : Sastre, à près de 6 minutes, est néanmoins le meilleur des battus du jour. Avant le dernier contre-la-montre, il peut prétendre à la victoire finale, puisqu'il est deuxième du classement général, à 12 secondes d'Oscar Pereiro : mais l'exercice spécifique de l'effort solitaire n'est pas la spécialité de Sastre, qui concède plus de 4 minutes à ses rivaux. La suite est connue : Landis sera déchu de sa victoire après moult procès ; Pereiro sera déclaré vainqueur du Tour ; Sastre héritera de la troisième place...

Carlos Sastre s'est néanmoins découvert de nouvelles ambitions. En 2007, il est quatrième d'un Tour de France encore gangrené par le dopage, puis deuxième de la Vuelta, derrière Menchov. Lors du Tour de France 2008, pour lequel il partage le leadership de sa formation avec les frères luxembourgeois Andy et Frank Schleck, il saisit sa chance dans la montée de L'Alpe-d'Huez : attaquant dès le premier des vingt et un lacets, il remporte l'étape avec plus de 2 minutes d'avance sur tous ses rivaux. Avant de franchir la ligne d'arrivée, il ferme méticuleusement son maillot et pointe deux doigts vers le ciel, en hommage à son beau-frère, José María Jiménez, un grimpeur décédé en 2003 d'une crise cardiaque. Nombre d'observateurs sont ce jour-là médusés, car cette attitude lui coûte une quinzaine de secondes, ce qui pourrait s'avérer préjudiciable dans l'optique du classement général. Mais Sastre est un fataliste. « Si je dois être en jaune à Paris, je le serai », répond-il aux journalistes. Pour lui, penser à ce moment précis à son beau-frère disparu prévalait par rapport au classement général de la Grande Boucle. Et, lors du dernier contre-la-montre, Carlos Sastre, déjouant tous les pronostics, résiste au favori, l'Australien [...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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