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CARMEN, Prosper Mérimée Fiche de lecture

Court roman ou longue nouvelle, Carmen a d'abord paru dans la Revue des Deux Mondes en octobre 1845, avant d'être publiée en volume chez Michel-Lévy à Paris en 1847, sans grand succès. À lire les quatre lettres publiées par Prosper Mérimée (1803-1870) au retour de son premier voyage en Espagne en 1830, on peut penser que celui-ci avait déjà réuni alors la matière d'un récit qui aura mis quinze années avant de voir le jour, et qui fut rédigé, au dire de l'auteur, en une semaine. Trente ans plus tard, le 3 mars 1875, était représenté pour la première fois l'opéra de Georges Bizet, sur un livret de Meilhac et Halévy. Mérimée, mort cinq ans plus tôt, n'assista donc pas à la création de l'œuvre lyrique inspirée de sa nouvelle et qui allait la plonger en partie dans l'oubli.

Une Manon espagnole

<it>Carmen</it>, Prosper Mérimée - crédits : De Agostini/ Getty Images

Carmen, Prosper Mérimée

Des quatre chapitres qui constituent Carmen, un seul forme l'histoire proprement dite. Dans les deux premiers, sorte de préambule, le narrateur, archéologue à la recherche de l'emplacement de la bataille de Munda, rencontre à trois reprises le bandit José Navarro : une première fois sur la route, il favorise la fuite de celui-ci ; une deuxième fois, dans un café de Cordoue, il lui doit d'échapper à une bohémienne, la Carmencita ; une troisième fois, il lui rend visite dans la prison où il attend d'être exécuté. C'est là que le condamné lui fait le récit de ses malheurs, qui va occuper tout le troisième chapitre, sensiblement plus long que les deux précédents. Brigadier sur le point d'être nommé maréchal des logis, don José est chargé de conduire en prison une cigarière qui a blessé une de ses compagnes lors d'une dispute. Séduit par la jeune femme, il la laisse s'échapper, ce qui lui vaut d'être dégradé et emprisonné. Dès sa sortie, il part retrouver Carmen, et, après avoir tué son lieutenant dans une rixe, se joint à la bande de contrebandiers dont elle fait partie. La jalousie l'amène bientôt à commettre un nouveau meurtre : la victime, cette fois, est un certain Garcia, le « mari » de Carmen. Mais cette dernière se lasse et répond aux avances du picador Lucas. Fou de désespoir, José veut l'emmener en Amérique. Puis, comme elle refuse, il la poignarde et va se constituer prisonnier. Le quatrième chapitre, ajouté dans l'édition de 1847, est un appendice sur la vie des bohémiens.

Cette structure a de quoi surprendre : contrairement à ce que le genre requiert généralement, les deux chapitres liminaires et l'appendice tendent à dilater la nouvelle, tout en créant un déséquilibre accentué par les énonciations successives (le narrateur, don José, l'auteur). Peut-être faut-il voir là l'une des raisons de l'accueil médiocre fait en son temps à une œuvre qui, du coup, paraît aujourd'hui étonnamment moderne.

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  • MÉRIMÉE PROSPER (1803-1870)

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    En 1841, deux ans après un voyage en Corse, Mérimée publie Colomba, que l'on pourrait rapprocher d'une des Chroniques italiennes de Stendhal, si, là encore, il ne donnait la preuve d'une maîtrise qui se fera invisible dans Carmen, son récit à juste titre le plus célèbre, écrit, au...