GALLONE CARMINE (1886-1973)
Né à Taggia en 1886 Carmine Gallone est mort à Rome en 1973. Sa carrière est une des plus longues du cinéma italien, totalement tributaire du goût du public dont le metteur en scène, depuis les « dive » des années 1910 jusqu'aux péplums des années 1960, épousa sans faille les inclinations. Très tôt, il dirige la mythique Lyda Borelli dans plusieurs de ses succès, dont Malombra (1917) est un bel exemple : l'emphase décorative de l'actrice et ses postures dignes de l'univers de l'opéra étaient tempérées par la mélancolie contemplative du paysage du lac de Côme. Gallone dirige également sa propre épouse, Soava Gallone, diva mineure, jusqu'en 1925. En 1926, il met le point final au cycle prestigieux des films historiques avec Les Derniers Jours de Pompéi (Gli Ultimi Giorni di Pompei).
Le parlant va l'amener à se spécialiser dans le film musical où il signe tantôt des biographies de musiciens (Casta Diva, 1935, qu'il réalisera à nouveau en 1955 ; Giuseppe Verdi, 1938 ; ou Puccini, 1953), tantôt des adaptations d'opéras populaires (Rigoletto, 1947 ; La Traviata, 1948 ; Madame Butterfly, 1955 ; La Tosca, 1956). Mais son apport le plus original est lié à une manière de sous-genre qui lui est propre : les mélodrames inspirés par les opéras célèbres, où drame et musique s'imbriquent intimement. C'est à ce cycle qu'appartiennent ces « hybrides » que sont Le Songe de Butterfly (Il Sogno di Butterfly, 1939) et surtout Avanti a lui tremava tutta Roma (1946) où une représentation de La Tosca fait écho à un drame qui se déroule dans les derniers jours du fascisme et met en scène une cantatrice célèbre (jouée par Anna Magnani).
Gallone réserve aux grands mélodrames historiques du répertoire une approche sans détour (Manon Lescaut, 1940 ; Oltre l'amore, d'après Vanina Vanini de Stendhal, id. ; Les Deux Orphelines, Le Due Orfanelle, 1942), tous interprétés par la belle et sensible Alida Valli. Par contre son film le plus célèbre : Scipion l'Africain (Scipione l'Africano, 1937), est aussi le plus décevant. Cette commande du régime fasciste inaugurait les plateaux de Cinecittà récemment construits : seul péplum réalisé à cette époque, ce mélodrame grandiose, certes, mais ampoulé et joué avec une emphase digne du muet, est alourdi par les parallèles appuyés entre la personnalité du vainqueur d'Hannibal et celle du Duce. Cette superproduction soutenue par le régime ne rencontra pas le succès escompté. Indestructible, Gallone allait connaître encore de grands succès populaires après la guerre et même au-delà des frontières transalpines, notamment avec Michel Strogoff (1956) et avec ses deux contributions à la saga de Don Camillo (La Grande Bagarre de Don Camillo, Don Camillo e l'onorevole Peppone, 1955 ; Don Camillo Monseigneur, Don Camillo Monsignore... ma non troppo, 1961). Son ultime réussite dans le domaine du film musical est La Maison du souvenir (Casa Ricordi, 1955) qui évoque de nombreuses figures de musiciens à travers l'histoire de la célèbre maison d'éditions musicales Ricordi. Dans les derniers péplums qu'il réalise, son immense savoir-faire cache mal la lassitude (Carthage en flammes, Cartagine in fiamme, 1959).
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Christian VIVIANI
: historien du cinéma, professeur émérite, université de Caen-Normandie, membre du comité de rédaction de la revue
Positif
Classification
Autres références
-
ITALIE - Le cinéma
- Écrit par Jean A. GILI
- 7 683 mots
- 4 médias
...programmé à l'égard des conquêtes coloniales. Mais, même dans ce domaine, le ton est rarement triomphaliste. Si on exclut Scipione l'africano de Carmine Gallone (1886-1973), œuvre de circonstance destinée en 1937 à célébrer indirectement, à travers la figure de Scipion, vainqueur de Carthage, celle...