CARNAVAL

Carnavals d'Europe du Nord

Qu'ils soient alémaniques, rhénans, flamands, brabantois, luxembourgeois, ces carnavals sont placés sous le règne éphémère du prince des fols et des sots, tandis que la bière coule à flots dans les bals et les banquets. En Allemagne, partout où est fêté Fastnacht (Hesse, Rhénanie-Palatinat, Sarre, Bade-Wurtemberg, Souabe) ou Fasching (Bavière, Franconie), l'élection du roi du carnaval, qui devient l'égal du bourgmestre de la cité pendant toute la période du carnaval et a droit à tous les égards, constitue un moment essentiel. Ce sont essentiellement des associations, voire des corporations, qui financent leur propre participation, notamment aux défilés comprenant toujours de nombreuses cliques et fanfares. Ces défilés sont composées majoritairement d'hommes, sans oublier quelques danseuses-cantinières en costume de l'époque de la guerre de Trente Ans.

Les carnavals de Suisse alémanique présentent des groupes portant des masques extraordinaires sculptés dans du bois, groupes d'hommes sauvages de l'Appenzell ou du Lötschental, régions fortement ancrées dans la tradition, tandis que dans les villes, à Zurich ou à Lucerne, se déroulent de nouveaux carnavals urbains, désormais influencés par la musique latino-américaine.

Le carnaval de Bâle dure trois jours, il commence le lundi après le mercredi des Cendres, la ville est réveillée à 4 heures du matin par le Morgestraich (coup d'envoi du matin), et s'achève le jeudi suivant à exactement 16 heures, dans le tohu-bohu des cliques jouant fifres et tambours, après avoir vécu une série de rituels mis en place au siècle dernier et fidèlement respectés. Ainsi, les lanternes remontent aux années 1840. Le Waggis, un costume populaire commun à de nombreuses cliques, est emprunté, non sans protestations, aux Alsaciens voisins. Les costumes multicolores, cousus de plusieurs pièces de tissu, sont inspirés d'Arlequin qui fit le tour de l'Europe avec la commedia dell'arte.

Avec celui de Bâle, le carnaval de Binche compte parmi les plus célèbres carnavals européens. Il a su lui aussi conserver farouchement ses traditions et coutumes et résister aux impératifs générés par le tourisme, qui peuvent menacer l'originalité de la fête. La Belgique est riche en fêtes traditionnelles, mais aucune ne mobilise autant de ferveur que celle de la petite ville de Binche, située dans la province wallonne du Hainaut. Depuis le xiv^e siècle, elle commence son cycle carnavalesque le 22 novembre, jour de la sainte Cécile, six semaines environ avant les trois jours gras, avec des rituels bien précis, qui vont aller en crescendo chaque semaine et dimanche pour finir en apothéose populaire les trois jours gras, sursaut vital contre l'engourdissement de l'hiver de toute une population galvanisée par ses Gilles.

Autre exemple fameux, en Flandre française, Dunkerque et les villes alentours ont un célèbre carnaval de rue où défilent en rangs serrés les masquelours (masques), dont une forte proportion de travestis colossaux portant faux cils, chapeaux à fleurs et immenses parapluies. Ses chahuts et rigodons effrénés, ses chants paillards où survivent des bribes de flamand perpétuent de la fin janvier à début avril la tradition de la visshesrbende, la bande des pêcheurs, qui précédait le départ des morutiers pour l'Islande.

Carnavals d'Europe du Sud

À quelques exceptions près, notamment celui de Venise, il existe un dénominateur commun à la plupart des carnavals méditerranéens. Le plus souvent ce sont des rois et reines[...]