CARTE POSTALE
Ses composantes ethnographiques, sociologiques, historiques et esthétiques confèrent à la carte postale un statut d'objet autonome qui en fait l'égale de l'affiche. De très importantes collections ont été constituées au sein du département des Estampes et de la Photographie de la Bibliothèque nationale ainsi qu'à la bibliothèque Forney à Paris et au muséeNicéphore Niépce à Chalon-sur-Saône, qui est aussi un musée de la carte postale. Enfin, le musée des Arts et Traditions populaires lui a consacré une exposition en 1978, dont elle était la vedette à part entière.
La carte postale ancienne, après avoir vécu son âge d'or dans le premier quart du xxe siècle, a connu sa traversée du désert, et Yvan Christ, dans un article paru en 1966, disait, non sans nostalgie, qu'elle n'avait pas survécu au développement des magazines illustrés, du cinéma et de la télévision et que « frappée par la limite d'âge, elle avait atteint l'âge de la retraite ». La retraite semble terminée et la carte postale ancienne est sortie des greniers pour connaître une montée des prix vertigineuse. Car la carte postale a ses incunables (antérieurs à 1896) et ses postincunables (de 1896 à 1899). Si la carte postale ancienne a ses ventes particulières, elle a aussi ses associations, son festival à Enghien, ses revues, et deux argus (Neudin et Fielder) qui paraissent tous les ans. Ses collectionneurs sont plus nombreux que les numismates et viennent tout de suite après les philatélistes. La carte postale a ses faussaires et ses faux, et si les boutiques des quais de la Seine et du marché aux Puces furent longtemps les seuls endroits où l'on trouvait des cartes à bas prix, on ne compte plus aujourd'hui les magasins spécialisés dans la carte postale, qu'elle soit ancienne ou moderne.
Si l'engouement pour la mode rétro a permis à la carte postale de la Belle Époque de susciter un énorme regain d'intérêt, il a aussi tenté un certain nombre d'artistes contemporains, comme, avant eux, certains futuristes, Marcel Duchamp et les surréalistes. Ainsi est apparu au cours des années 1960 le mail art, qui instaurait une véritable renaissance de la carte postale artistique. Et s'il y a, ajoutait Christian Rigal, responsable du premier festival de la Carte postale d'avant-garde (juillet 1979, musée des Arts décoratifs, Paris) « détournement de la fonction première de la carte dite postale et simultanément métamorphose en œuvre d'art non postale [...], cette transformation n'enlève rien à l'intérêt de l'œuvre », et mérite bien l'attention du public, au même titre que sa prestigieuse ancêtre.
Histoire d'une naissance
« D'humble extraction et de naissance obscure, la carte postale illustrée eut une jeunesse difficile, mais, vers la trentaine, elle connut une gloire sans pareille », écrit Georges Guyonnet dans son livreLa Carte postale illustrée, qui reste l'un des meilleurs ouvrages de référence sur le sujet.
Bien qu'en 1855 une carte reproduisant une gravure ait été mise en vente à Bâle, et qu'en 1860 le lithographe allemand Miesler ait tiré et diffusé des vues de Berlin, c'est à Vienne, le 1er octobre 1869, que naît officiellement la carte postale. Ce jour-là, le directeur des Postes autrichiennes instaure légalement par un décret la circulation de la carte poste, ancêtre de la carte postale illustrée. Un professeur d'économie politique à l'Académie militaire de Vienne-Neustadt avait quelques mois auparavant réclamé l'introduction d'un système de correspondance pratique, ouverte et bon marché. En 1870, Bismarck signait à son tour le décret autorisant l'impression et la diffusion des Korrespondenzkarten allemandes. Les autres pays d'Europe suivront rapidement, ainsi que le Canada et les États-Unis. Le[...]
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Écrit par
- Maïten BOUISSET : critique d'art
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