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CARTEL DES GAUCHES (1924-1926)

Coalition des partis de gauche, victorieuse aux élections du 11 mai 1924, le Cartel des gauches rassemble les socialistes S.F.I.O., les radicaux-socialistes, les républicains-socialistes et la gauche radicale contre les modérés et la droite, détenteurs de la majorité dans la Chambre « bleu horizon » élue en 1919. C'est le parti du mouvement le plus uni qui bénéficie de la prime à la majorité, assurée par la loi électorale de 1919, mélange de scrutin majoritaire et de représentation proportionnelle. La gauche se retrouve avec trois cent vingt-huit députés sur cinq cent quatre-vingt-deux. Pourtant, en nombre de voix, le Bloc national l'emportait. À la Chambre, le Cartel ne possède pas une vraie majorité : en effet, l'aile modérée de la gauche, la gauche radicale, dispose de quarante et une voix. Il suffit donc que cette part centriste de la majorité se retire pour mettre le gouvernement en difficulté. Cette Chambre, politiquement à gauche, est, en vérité, socialement modérée. Le 11 juin 1924, le Cartel, dans l'euphorie de la victoire, contraint, par une motion préjudicielle votée à la Chambre, le président de la République Millerand à donner sa démission (Millerand était accusé d'avoir soutenu le Bloc national pendant la campagne). Doumergue le remplace. Les fonctionnaires, mécontentés par Poincaré qui s'était opposé à l'intrusion des associations de fonctionnaires dans l'État et avait fait craindre des réductions de personnel administratif, avaient joué un grand rôle dans le succès électoral du Cartel. Ces élections s'étaient faites en grande partie sur l'inquiétude causée par la dégradation monétaire et la hausse du coût de la vie. Édouard Herriot forme un gouvernement radical-socialiste. Cette législature va se dérouler en trois phases : la première, liée au gouvernement Herriot jusqu'en avril 1925, puis celle qui voit se succéder deux cabinets Painlevé et trois cabinets Briand et qui se termine en juillet 1926, enfin, après une nouvelle chute d'Herriot en deux jours, le rappel de Poincaré qui fait autour de sa personne un gouvernement d'union nationale.

Le gouvernement Herriot ne dispose pas d'une confiance franche qui lui permette d'éviter les difficultés de trésorerie ; il donne l'impression de s'attaquer aux tenants de l'ordre social et économique sans prendre des mesures satisfaisantes pour la gauche. Le plafond de quarante et un milliards de francs de la circulation fiduciaire est dépassé à partir du début de 1925. On reparle, à nouveau, de l'impôt sur le capital qui provoque la démission du ministre des Finances le 2 avril. Pour assainir les finances, un emprunt forcé sur la fortune est proposé. Le 10 avril, le ministère, lâché par la gauche radicale, tombe devant le Sénat. Le Cartel, maître de la situation en cette première année, n'a pas su agir. Le cours de la livre, qui est le baromètre financier de l'époque, s'élève. Le célèbre mathématicien Painlevé compose son cabinet autour de Briand, à l'Extérieur, et de Caillaux, aux Finances. Celui-ci lance un emprunt, audacieux pour l'époque, de 4 p. 100 à garantie de change ; c'est une concession au capital, mais les épargnants boudent. La livre remonte encore et le cabinet démissionne en octobre 1925. Le deuxième cabinet fait face à une faillite larvée, acceptée par une opinion qui ne connaît que la valeur nominale des engagements de l'État. Les hommes sont désormais débordés par les événements. L'instabilité ministérielle ne permet à personne de résoudre des problèmes à la fois techniques et politiques. La livre atteint deux cent cinquante francs. L'inflation se développe. Poincaré, l'homme qui inspire confiance aux épargnants, prend la relève (juill. 1926) pour la troisième phase, dite d'Union nationale,[...]

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Écrit par

  • : metteur en scène, conseiller en éducation populaire et techniques d'expression

Classification

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