CARTHAGE
Carthage chrétienne
Pour cerner la Carthage chrétienne, on se heurte d'abord à un problème chronologique puis à un problème topographique. Il faudrait aussi délimiter le domaine des schismes ; principalement celui du donatisme et celui des hérésies, plus particulièrement aux ve et vie siècles celui de l'arianisme.
Problème chronologique
On sait que le christianisme n'apparaît pas en Afrique avant la fin du iie siècle. Soudain, en 180, sont condamnées à Carthage douze personnes originaires d'une petite ville encore inconnue : ce sont les martyrs scillitains. L'histoire de la Carthage chrétienne commence donc pour nous lors de la persécution de Commode. À ce moment, seuls les textes permettent de l'appréhender. Les lettres et les livres des Pères de l' Église : Tertullien, saint Cyprien, les canons des premiers conciles, les actes des martyrs et les calendriers martyrologiques décrivent les difficultés d'existence, les peines et les joies de ces premiers chrétiens. La passion des saintes Perpétue et Félicité en 203, victimes de la persécution de Septime Sévère, les actes proconsulaires du martyre de saint Cyprien, évêque de Carthage en 258 sous Valérien, révèlent le courage de ces premiers martyrs. L'archéologie n'offre pas de possibilités de vérifier sur le terrain la présence de la communauté.
Les premiers cimetières chrétiens évidents sont du ive siècle. Ceux qui étaient envahis au début du iiie siècle par les païens aux cris de areae non sint étaient connus des contemporains, mais ne devaient pas se différencier des cimetières païens.
Les monuments du culte ne fleurissent qu'à la fin du ive et au début du ve siècle après la reconnaissance de l'Église par l'empereur en 313 et la mise hors la loi des autres formes de culte en 392 par Théodose. Antérieurement, les chrétiens ne se distinguent pas dans la vie du peuple de Carthage car ils célébraient leur culte dans des maisons privées appartenant à des chrétiens aisés.
L'organisation de ce premier christianisme carthaginois s'est réalisée grâce à l'impulsion de Rome, mais il prit naissance dans les milieux juifs des ports et du commerce. Nous savons maintenant par les fouilles de la Campagne internationale réalisées à Carthage de 1972 à 1985 que la fin du iie siècle est bien le moment du développement de la grande urbanisation de Carthage ; dès cette époque, le christianisme acquiert une existence qui, bien qu'encore invisible dans son emprise monumentale, n'en est pas moins réelle.
Problème topographique
Les fouilles internationales et les dernières recherches ont apporté une connaissance approfondie de la Carthage chrétienne. Dans les textes anciens, vingt-trois références à des basiliques ont été recensées. Le nombre des basiliques cypriennes pose problème (mensa, memoria et/ou lieu de déposition). Les autres basiliques évoquées sont : Basilica ad majores ou majorum, Basilica novarum, basilique de Faustus, Basilica Restituta, Basilica Honoriana, basilique de la deuxième région, Basilica Theoprepia, Basilica Celerinae vel Scillitanorum, Basilica Sancti Petri de la troisième région, Basilica Gratiani, Basilica Theodosiana, basilique des Tertullianistes, basilique de Saint-Agilée, basilique de Sainte-Prime, basilique de Saint-Julien (avec son martyrium), basilique de Saint-Paul de la sixième région, basilique près de l'agora, basilique de la Theotokos, qui est sans doute la même que celle qui est consacrée à sainte Marie par les Ariens. On peut y ajouter la basilique installée par l'évêque Aurelius dans l'ancien temple de Caelestis et la basilique des Tricilles. Par contre, la localisation à Carthage de la basilique de Thrasamund est incertaine. Dans les thermes de Gargilius s'était tenue la conférence de 411, qui mit fin officiellement au schisme donatiste.[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Abdel Majid ENNABLI : maître de recherches à l'Institut national d'archéologie et d'art de Tunisie, conservateur du musée et du site de Carthage
- Liliane ENNABLI : chargée de recherche au C.N.R.S.
- Gilbert-Charles PICARD : professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
-
FONDATION DE CARTHAGE
- Écrit par Bernard HOLTZMANN
- 196 mots
La civilisation phénicienne s'est épanouie au IIe millénaire avant notre ère sur la côte de la Syrie antique (Canaan dans la Bible) en villes-États (Byblos, Bérytos, Sidon, Tyr, etc.) où le commerce maritime jouait un rôle essentiel. Cette longue et intense pratique du bassin méditerranéen...
-
AFRIQUE (Histoire) - Préhistoire
- Écrit par Augustin HOLL
- 6 326 mots
- 3 médias
...territoires. L'installation des Phéniciens en Méditerranée occidentale, au tout début du Ier millénaire avant J.-C., crée des conditions nouvelles. La fondation de Carthage autour de 800-700 avant J.-C. ouvre le chapitre de l'urbanisation de l'Afrique du Nord. Les Grecs créent des colonies en Cyrénaïque.... -
AFRIQUE ROMAINE
- Écrit par Noureddine HARRAZI et Claude NICOLET
- 9 564 mots
- 10 médias
La domination administrative et politique de Rome sur les diverses régions de l'Afrique du Nord (mis à part la Cyrénaïque et l'Égypte) s'étend sur près de six siècles : depuis la prise et la destruction de Carthage par Scipion Émilien (146 av. J.-C.) jusqu'au siège et à la...
-
AGATHOCLE (env. 359-289 av. J.-C.)
- Écrit par Joël SCHMIDT
- 431 mots
-
ATLANTIQUE HISTOIRE DE L'OCÉAN
- Écrit par Jacques GODECHOT et Clément THIBAUD
- 13 670 mots
- 12 médias
...possédaient au demeurant de meilleures embarcations que les Égyptiens, ont franchi le détroit de Gibraltar. En 465 avant notre ère, Hannon, magistrat de Carthage, reçut l'ordre d'aller établir des colonies au-delà des colonnes d'Hercule. Il partit avec trente mille personnes, sur soixante navires. Il fonda... - Afficher les 40 références