CASEL dom ODON (1886-1948)
Né à Coblence, Odon Casel entre en 1905 au noviciat de l'abbaye bénédictine de Maria-Laach (Rhénanie), où il fait profession monastique en 1907 et est ordonné prêtre en 1911. Après une double thèse de doctorat en théologie et en philosophie à Bonn, il publie des travaux où il pose les fondements de sa conception de la liturgie. En 1932 paraît Das christliche Kultmysterium (traduit sous le titre Le Mystère du culte, richesse du mystère du Christ, 1964), son œuvre la plus connue, laquelle, avec d'autres publications de cette époque, consacre sa renommée de théologien, de liturgiste, de patrologue. Glaube, Gnosis und Mysterium (1941), son dernier ouvrage important, est un essai de prolégomène à toute science du rite considéré dans son rapport avec le mystère chrétien fondamental.
La très haute idée que dom Casel se fait de la liturgie se diffuse alors de plus en plus, même si bien souvent elle n'est acceptée qu'avec de nombreuses réserves. Et son œuvre constitua, en la matière, un des plus beaux efforts de systématisation ; elle devait jouer un rôle de ferment. Elle marqua un apport pour la théologie sacramentaire en général, pour l'Eucharistie particulièrement. Elle donna une base solide au mouvement liturgique, qui se développait alors surtout en Allemagne ; enfin, elle renouvela l'étude de la liturgie, préparant ainsi de façon lointaine la constitution du IIe concile du Vatican sur la liturgie.
Dom Casel fut nommé en 1922 aumônier des bénédictines de Herstelle, où il séjourna jusqu'à sa mort. Ami de la solitude et de l'étude, homme de recherche, il n'aimait pas la polémique. Aux attaques il répondait en affermissant ses positions, en approfondissant ce qu'il croyait être l'essence de la liturgie. Le résultat de cet effort fut la parution des volumes du Jahrbuch für Liturgiewissenschaft, publication continuée sous le titre de Archiv für Liturgiewissenschaft.
Odon Casel saisissait que toute phénoménologie de la liturgie devait découvrir une ontologie de la liturgie. C'est ce qui lui permit de construire la Mysterienlehre (doctrine des mystères), conception totalisante du christianisme envisagé sous l'angle de la liturgie, ou, si l'on préfère, théorie de l'essence même du christianisme saisie dans son expression rituelle qui est le mystère du culte. Aussi le but de cette position est-il de répandre l'idée d'une présence permanente et active du mystère du Christ dans les mystères de l'Église, la liturgie étant la ré-actualisation — au sens fort du terme —, sous la modalité des signes, des symboles du mystère salvifique. Les deux plus grandes objections faites à cette conception de la liturgie portent sur sa notion de « présence mystérique » et sur l'étude comparative faite par Casel avec les mystères hellénistiques.
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Écrit par
- André GOZIER : prieur de l'Abbaye bénédictine de Paris
Classification
Autres références
-
MYSTÈRE
- Écrit par Édouard JEAUNEAU
- 2 533 mots
...Une autre tentative pour redonner au mot « mystère » la chaleur et la vie vient d'un tout autre horizon. Un bénédictin allemand de Maria-Laach, dom Odon Casel (1886-1948), a défendu toute sa vie la conception « mystérique » du culte chrétien. En réaction contre le rationalisme théologique, dom Casel s'est...