- 1. Les États caspiens au centre des enjeux énergétiques
- 2. Le désenclavement de la Caspienne en matière d'énergie
- 3. La nouvelle Route de la soie : un programme transcontinental ambitieux
- 4. La Turquie, l'acteur principal du deuxième cercle
- 5. Les États-Unis et l'Union européenne : deux acteurs majeurs du troisième cercle
- 6. L'intérêt grandissant de la Chine pour le bassin caspien
- 7. Un rapprochement russo-iranien sur fond d'isolement international de l'Iran
- 8. Différentes approches de l'intégration postsoviétique
- 9. Bibliographie
CASPIENNE, géopolitique
Le désenclavement de la Caspienne en matière d'énergie
Selon la Statistical Review of World Energy (2009), les réserves prouvées de pétrole des pays caspiens sont estimées à 35,6 milliards de tonnes (dont de 2,36 à 6 milliards pour la seule région caspienne), soit 19,4 p. 100 du total mondial. La plus grande part revient à l'Iran (18,9 milliards de tonnes), suivi par la Russie (10,2 milliards), le Kazakhstan (5,3 milliards) et l'Azerbaïdjan (1 milliard). L'ensemble des pays riverains, en 2009, a fourni 22,7 p. 100 de la production mondiale de brut.
Quant aux ressources – considérables – en gaz, elles sont estimées à 86,9 trillions de mètres cubes (dont, pour la Caspienne, de 6,57 trillions à 15,85 trillions de mètres cubes), soit 46,4 p. 100 du total mondial. La plus grande part revient à la Russie (44,38 trillions, soit 23,7 p. 100) suivie par l'Iran (29,61 trillions, soit 15,8 p. 100) et le Turkménistan (8,1 trillions, soit 4,3 p. 100). Les parts de l'Azerbaïdjan et de l'Ouzbékistan restent modestes. En 2009, l'ensemble des pays riverains ont fourni 34,2 p. 100 de la production mondiale de gaz.
Après le lancement du nouveau « Grand Jeu », les principaux acteurs ont cherché à désenclaver la région qui était presque entièrement sous contrôle russe. De multiples projets d'oléoducs-gazoducs ont vu le jour afin de priver la Russie de son monopole. La voie russe d'acheminement des hydrocarbures caspiens est actuellement composée de trois oléoducs, dont deux existaient déjà à l'époque soviétique. Le pipeline reliant Bakou à Novorossisk (mer Noire) traversait la Tchétchénie, territoire politiquement instable et théâtre d'affrontements militaires entre les rebelles tchétchènes et l'armée russe. Dans l'attente d'une normalisation de la situation dans cette république, Moscou a achevé, en 2000, la construction d'un tronçon qui contourne la Tchétchénie, rendant à nouveau opérationnelle la conduite en question. La détermination de la Russie à conserver un contrôle étroit sur l'exportation de l'or noir caspien a conduit à la construction en 2001 d'un oléoduc reliant le gisement de Tengiz (Kazakhstan) à Novorossisk.
Fermée en 1986, la voie géorgienne (Bakou-Soupsa) a été réhabilitée et inaugurée en 1999. Mais le passage par les détroits turcs, saturés, constitue un inconvénient. Ankara prend des mesures de plus en plus restrictives quant à la circulation des bâtiments transportant des marchandises à risque. Pour décharger les détroits, plusieurs projets de construction et de réhabilitation d'infrastructures pétrolières ont été mis en œuvre ou sont en cours de réalisation dans les ports de la mer Noire. Le projet le plus gigantesque a été la construction de l'oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC), achevé en 2005.
L'antagonisme avec l'Occident a largement entravé les discussions concernant la valorisation de la voie iranienne, pourtant la plus courte et la moins coûteuse. Néanmoins, ignorer complètement et longtemps l'Iran s'avère impossible, vu ses atouts géographiques incontestables. La Chine s'est engagée dans le projet de l'oléoduc Kazakhstan-Iran. Le Kazakhstan, l'Azerbaïdjan et le Turkménistan vendent déjà une partie de leur pétrole depuis le golfe Persique selon l'accord de swap avec le gouvernement iranien : les volumes de pétrole nécessaires au nord de l'Iran, région dépourvue de cette richesse, sont produits par ces pays en échange de pétrole iranien qui leur est livré dans les ports du Golfe pour exportation.
En ce qui concerne le gaz, la situation était identique à celle du pétrole : les importantes découvertes ont attisé les convoitises et la Russie contrôlait la quasi-totalité des gazoducs existants. L'Asie centrale-Centre était la seule conduite d'acheminement[...]
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Écrit par
- Garik GALSTYAN : maître de conférences en civilisation russe et soviétique, université de Lille-III (U.F.R. des langues étrangères appliquées)
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