- 1. Les États caspiens au centre des enjeux énergétiques
- 2. Le désenclavement de la Caspienne en matière d'énergie
- 3. La nouvelle Route de la soie : un programme transcontinental ambitieux
- 4. La Turquie, l'acteur principal du deuxième cercle
- 5. Les États-Unis et l'Union européenne : deux acteurs majeurs du troisième cercle
- 6. L'intérêt grandissant de la Chine pour le bassin caspien
- 7. Un rapprochement russo-iranien sur fond d'isolement international de l'Iran
- 8. Différentes approches de l'intégration postsoviétique
- 9. Bibliographie
CASPIENNE, géopolitique
Les États-Unis et l'Union européenne : deux acteurs majeurs du troisième cercle
De nos jours, l'interventionnisme occidental dans la région caspienne est avant tout le fait des États-Unis. Après l'ère soviétique, Washington n'a pas ménagé ses efforts pour empêcher les puissances régionales, la Russie, l'Iran ou encore la Chine, de prendre le contrôle de cet espace stratégique et d'y limiter la marge de manœuvre occidentale. Depuis les années 1990, la présence politique, économique et militaire américaine au Proche-Orient et en Asie centrale s'est considérablement accrue. En 1998, la Caspienne a été déclarée « zone d'intérêts stratégiques » par l'administration Clinton, avec la création d'un poste de conseiller du président pour cette région. En plus de l'Afghanistan et de l'Irak, une base militaire américaine est installée au Kirghizstan. Les pays de la région, sauf le Turkménistan, sont impliqués, d'une manière ou d'une autre, dans des programmes et opérations militaires en partenariat avec l'OTAN. Pour les régimes autoritaires locaux, c'est un moyen de prendre leurs distances par rapport à la Russie, de favoriser l'arrivée d'investissements étrangers et de « bénéficier » d'un silence, au moins temporaire, sur le non-respect de la démocratie et la violation des droits de l'homme dans leurs pays.
Il est évident que l'implication des États-Unis dans les affaires caspiennes est conditionnée par la présence d'importantes réserves énergétiques. La consommation américaine annuelle en pétrole est de 843 millions de tonnes, soit 22 p. 100 de la production mondiale (2009). À l'heure actuelle, la dépendance des États-Unis vis-à-vis des hydrocarbures caspiens est minime, mais leur stratégie énergétique consiste à posséder du pétrole en réserve dans différentes régions du monde. Une grande partie des investissements des compagnies américaines revient au Kazakhstan et à l'Azerbaïdjan. C'est grâce au soutien américain que ce dernier a durci sa position dans la question du partage des fonds marins. Sans officiellement participer aux négociations sur le statut juridique de la Caspienne, Washington a, à maintes reprises, fait des allusions au fait qu'il empêcherait toute ingérence des pays voisins dans les projets occidentaux en cours de réalisation sur le secteur azerbaïdjanais. En 1996, aux États-Unis et au Royaume-Uni fut élaboré le plan Tempête sur la Caspienne, lequel prévoyait l'établissement d'un contrôle transnational sur les ressources énergétiques caspiennes en cas de dégradation des relations du Kazakhstan et de l'Azerbaïdjan avec les autres pays riverains.
Dans leur ensemble, les objectifs des États-Unis et de l'UE dans cette région sont convergents. Les deux sont soucieux de la nature, de la provenance et du transit de leurs approvisionnements en énergie, ce qui implique une étroite coopération entre producteurs, transitaires et importateurs. Ils appuient le développement économique des nouveaux États de la région tout en contribuant à leur émancipation politique vis-à-vis de la Russie et à l'évolution de leurs dispositions pro-occidentales. Une autre méthode consiste à concourir à la démocratisation des sociétés civiles (aide à l'organisation d'élections transparentes, soutien à la création des sociétés civiles, assistance dans la défense des droits de l'homme...), ce qui tarde néanmoins à porter ses fruits. Ils pensaient également arriver à résoudre les multiples conflits de la région en intensifiant les échanges économiques et en proposant différentes voies pour les conduites pétro-gazières. Cela n'a pas encore abouti, par exemple pour l'Arménie dont la position de départ à propos du conflit du Haut-Karabakh reste intangible, en dépit des offres occidentales d'utiliser son territoire pour[...]
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Écrit par
- Garik GALSTYAN : maître de conférences en civilisation russe et soviétique, université de Lille-III (U.F.R. des langues étrangères appliquées)
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