- 1. Les États caspiens au centre des enjeux énergétiques
- 2. Le désenclavement de la Caspienne en matière d'énergie
- 3. La nouvelle Route de la soie : un programme transcontinental ambitieux
- 4. La Turquie, l'acteur principal du deuxième cercle
- 5. Les États-Unis et l'Union européenne : deux acteurs majeurs du troisième cercle
- 6. L'intérêt grandissant de la Chine pour le bassin caspien
- 7. Un rapprochement russo-iranien sur fond d'isolement international de l'Iran
- 8. Différentes approches de l'intégration postsoviétique
- 9. Bibliographie
CASPIENNE, géopolitique
L'intérêt grandissant de la Chine pour le bassin caspien
Juste après l'éclatement de l'Union soviétique, le rôle de la Chine par rapport aux autres puissances limitrophes paraissait plus réduit et moins évident. Mais ses besoins grandissants en énergie l'ont incitée à se positionner sur l'échiquier pétrolier centrasiatique. L'influence chinoise croissante est devenue un élément essentiel de la donne régionale. Pékin a rapidement reconnu les indépendances de ses ex-voisins soviétiques. Pour lui, il était préférable d'avoir à ses confins plusieurs pays indépendants plutôt que la toute-puissante Russie. Les nouveaux États ont vite fait preuve de bon voisinage avec Pékin, qui, contrairement à Moscou, s'abstient d'intervenir dans leurs affaires intérieures. Par ailleurs, du point de vue économique, elle est plus attrayante tant en termes de capacité d'investissement dans les économies nationales que par l'immense marché de consommation qu'elle représente.
Le modèle occidental fondé sur l'économie de marché, sur la démocratisation de la société et sur le respect des droits de l'homme n'est guère adapté à cette région. Celui de la Russie ne s'avère pas plus enviable, notamment en raison du manque de résultats tangibles. Malgré les racines ethnolinguistiques communes avec la Turquie, le modèle turc occidentalisé n'a pas su non plus satisfaire les besoins des élites centrasiatiques après soixante-dix ans de régime communiste. Le modèle iranien est trop théocratique pour ces peuples en partie laïcisés. Le modèle asiatique de transition de leur voisine de l'est avec un système d'État fort qui a su conserver son idéologie communiste, ses valeurs nationales et ses spécificités civilisationnelles semble dans ce contexte le plus attrayant pour ces nouveaux pays.
En dépit de son attractivité sur le plan économique, la Chine reste cependant une source d'inquiétudes pour ceux-ci. Le désenclavement vers la Chine signifierait la dépendance à une autre puissance, sans doute plus dangereuse que la Russie, compte tenu de son poids démographique et de ses traditions d'émigration, élevées presque au rang de politique nationale. Les jeunes économies de ces États pourraient également ployer sous la croissance économique chinoise. L'ouverture progressive des frontières a déjà des conséquences néfastes, telles que le trafic de contrefaçons et l'afflux de produits de grande consommation à des prix bon marché et souvent de basse qualité.
En 1996, la Chine réunissait la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizstan et le Tadjikistan pour donner naissance au groupe de Shanghai. Ses objectifs initiaux étaient le règlement des différends frontaliers avec ses nouveaux voisins, la lutte contre le séparatisme, le terrorisme et le radicalisme islamique, compte tenu de la situation avec les Ouïgours du Xinjiang. Pour Pékin, contrecarrer l'hégémonie des États-Unis dans la région et accroître son influence par le développement de la coopération économique et commerciale allaient de pair avec l'aspiration à créer un monde multipolaire. Après s'être élargi à l'Ouzbékistan (2001), le groupe est devenu l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS). La présence de la Russie est contrebalancée par celle de la Chine, pour qui l'OCS constitue le principal outil de son engagement dans le développement de la région. Le rapprochement russo-chinois s'opère autour des jeunes États centrasiatiques qui sont contraints de manœuvrer entre ces deux pôles aussi redoutables l'un que l'autre. L'OCS est en passe de devenir le noyau du futur système de défense en Asie centrale. Grâce aux efforts communs, les différends frontaliers sont pratiquement réglés. Les États membres ont partiellement réduit leurs forces militaires stationnées de part et d'autre[...]
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Écrit par
- Garik GALSTYAN : maître de conférences en civilisation russe et soviétique, université de Lille-III (U.F.R. des langues étrangères appliquées)
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