CASTILLE
L'art castillan
L'art roman
C'est vers le milieu du xe siècle, sous la direction du comte Fernán González, que la Castille commence à définir son caractère propre. Un siècle plus tard, elle s'affirme comme l'élément le plus puissant et le plus dynamique de l' Espagne chrétienne. Le roi Ferdinand Ier (1035-1065) établit sa prépondérance sur l'ensemble de la Meseta, libérée de la domination musulmane, et notamment sur le royaume de León qui avait lui-même succédé à la monarchie asturienne.
Dans le vaste processus de transformation qui affecte alors l'Espagne chrétienne, l'art roman apparaît comme l'une des manifestations les plus significatives des liens nouveaux qui se tissent entre la péninsule Ibérique et l'Occident.
La route de Compostelle
À l'aube de l'époque romane, le royaume de Castille est uni aux sources vives de la culture occidentale par cette sorte de cordon ombilical que constitue la route du pèlerinage de Compostelle ou Camino francés. Aux principales étapes de ce chemin de la prière, on voit naître, vers la fin du xie siècle, un art roman très brillant, qui s'apparente étroitement à celui qui se développe de l'autre côté de la chaîne des Pyrénées et notamment en Languedoc.
À l'extrémité de la route, Compostelle accueille les pèlerins dans une vaste cathédrale qui fut l'une des réalisations les plus parfaites du type de la grande église romane vouée au culte des reliques. Avec sa nef et son vaste transept dotés de collatéraux et de tribunes, son chevet à déambulatoire entouré d'une ceinture de chapelles rayonnantes, cet édifice constitue l'aboutissement des recherches poursuivies dans les sanctuaires français apparentés : Sainte-Foy de Conques, Saint-Martial de Limoges, Saint-Martin de Tours et Saint-Sernin de Toulouse.
À León, l'église Saint-Isidore, reconstruite par Ferdinand Ier pour abriter les tombeaux royaux, est au contraire un édifice complexe dont les divers éléments, la chapelle funéraire, dite Panthéon des rois, la nef à collatéraux et le transept, représentent les étapes successives d'une construction dans la seconde moitié du xie siècle et la première du xiie.
De toute manière, l'intérêt des sculptures décorant ces monuments le dispute à la qualité de l'architecture.
L'un des tout premiers, le centre de León parvint à définir sa manière propre dans l'ensemble roman hispano-languedocien. À l'occasion d'un remaniement de la chapelle des Rois, survenu quelque temps après une consécration de l'église de Saint-Isidore, datée de 1063, on vit apparaître, aussi bien sous le porche que dans la tribune qui le surmonte, et dans les deux galeries qui l'entourent, une remarquable série de chapiteaux plus ou moins inspirés du corinthien. Des motifs iconographiques, empruntés à l'Ancien et au Nouveau Testament, voisinent avec des feuillages stylisés, des palmettes et des fleurons, des animaux fantastiques et des scènes énigmatiques demeurées inexpliquées.
L'église développe largement ce style sur les supports de ses nefs et complète son décor par deux portails à tympans sculptés. Celui de la nef, désigné sous le nom de portail de l'Agneau, est le plus important. L'auteur du second, au croisillon méridional du transept, a connu la porte Miégeville de Toulouse, mais il interprète et complète son modèle avec cette manière ample et pleine qui caractérise toutes les sculptures sorties de l'atelier léonais.
Le cas de Compostelle est plus complexe. On a regroupé sur la façade méridionale du transept, autour du célèbre portail des Orfèvres, quelques éléments provenant du portail septentrional et d'un premier portail occidental. C'est ainsi que se manifeste, dans un certain désordre iconographique, une étonnante diversité de style. On doit admettre[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Marcel DURLIAT : professeur émérite d'histoire de l'art à l'université de Toulouse-Le-Mirail
- Philippe WOLFF : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Toulouse
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
-
ALARCOS BATAILLE D' (18 juill. 1195)
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 260 mots
-
ALPHONSE X LE SAGE (1221-1284) roi de Castille et de León (1252-1284)
- Écrit par Daniel DEVOTO
- 640 mots
Roi de Castille, Alphonse X, dit le Sage ou le Savant, a laissé de lui l'image d'un souverain trop affairé à contempler les étoiles pour prêter attention aux choses de ce bas monde ; on l'a ainsi comparé à cet astrologue qui figure dans un exemplum médiéval et qui, trop occupé...
-
ALPHONSE VII (1105 env.-1157) roi de Castille et de León (1126-1157)
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 269 mots
Roi de Castille et de León (1126-1157), né vers 1105, mort en août 1157, à Fresneda, Castille.
Fils de Raymond de Bourgogne et petit-fils d'Alphonse VI, dont il reprendra le titre impérial, le jeune Alphonse connaît une enfance compliquée par le conflit entre sa mère Urraca et son deuxième mari,...
-
BURGOS
- Écrit par Marcel DURLIAT
- 1 072 mots
- 3 médias
À Burgos, on sent battre le cœur de la Vieille-Castille. N'est-ce pas ici qu'apparaît pour la première fois la claire conscience d'une politique commune à l'ensemble de la péninsule Ibérique ? La ville fut une des résidences de la cour de Castille lorsque...
- Afficher les 26 références