CASTRES
Sous-préfecture du Tarn, située sur l'Agout, Castres compte 43 213 habitants (recensement de 2012) soit un peu moins que la commune d’Albi, la préfecture. Deux siècles d'histoire n'ont pas effacé la structure bicéphale de ce département qui, de sa création en 1790 jusqu'en 1797, fit choisir Castres comme chef-lieu. Quatorze communes périphériques, où réside une partie de la population active de l'agglomération forment, avec celle-ci, une aire urbaine de 67 153 habitants, quasi contiguë à celle de Mazamet (huit communes, 25 532 habitants). Les deux villes-centres sont distantes de 20 kilomètres seulement et l'ensemble forme un foyer d'activité qui fut longtemps dominé par l'industrie textile, le délainage et la mégisserie.
Entre le Sidobre et la Montagne noire, derniers contreforts du Massif central, au contact de ces hautes terres ingrates et des plaines plus riches du Bassin aquitain, Castres est née au Moyen Âge. Dès 1560, son adhésion à la Réforme en fait l'un des bastions huguenots du Languedoc, ce qui l'expose aux opérations des troupes royales et conduit au démantèlement de ses fortifications sur ordre de Richelieu en 1629, après l'édit d'Alès. Le compromis religieux qui suit permet un essor économique autour du travail de la laine, des cuirs et des peaux, tandis que la ville s'équipe et s'embellit. Mais la révocation de l'Édit de Nantes (1685) marque le retour des persécutions et un déclin relatif de la ville. Il faut attendre le xixe siècle pour que s'engage un nouveau développement économique, avec la création de nombreuses usines de filature et de tissage de la laine, puis des ateliers de construction mécanique.
Ces industries, actives dans l'entre-deux guerres, se diversifient (bonneterie, équipement automobile) mais, comme le délainage et la mégisserie de Mazamet, elles n'en sont pas moins confrontées à des crises de plus en plus sérieuses à partir des années 1960-1970 (concurrence de productions étrangères, effet des délocalisations et enclavement). Le sud-est tarnais souffre de son éloignement des grands centres d'activité et de mauvaises liaisons routières avec Toulouse et le Bas-Languedoc. Cela n'exclut pas de beaux succès, comme celui des laboratoires Pierre Fabre, fondés en 1961, qui ont acquis une dimension internationale dans la recherche et la production de produits pharmaceutiques et cosmétiques.
Centre de services, Castres s'équipe pour conserver son attractivité (extension de la Z.A.C. du Causse, notamment consacrée à la chimie verte) et met en valeur son patrimoine, en particulier dans l'« Écusson » historique. Devenue ainsi centre touristique, la ville s'enorgueillit de belles réalisations comme le musée Goya, créé en 1840 dans l'ancien palais épiscopal, dont les collections ont été considérablement enrichies, et le Centre national et musée Jean-Jaurès, créé en l'honneur du tribun socialiste né dans la ville en 1859.
Bibliographie
R. Cazals dir., Histoire de Castres, Mazamet, La Montagne, Privat, Toulouse, 1992.
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Écrit par
- Robert MARCONIS : professeur des Universités à l'université de Toulouse-Le-Mirail
Classification
Média