CATALOGNE
Évolution politique
La Constitution de 1978 définissant la transition démocratique du postfranquisme donne corps au statut d'autonomie et à la Generalitat de Catalunya que Franco avait supprimés. La santé, l'éducation, la police, la culture et une partie de la fiscalité, notamment, relèvent désormais de la compétence de cette institution. Le président de la Generalitat dirige et coordonne les actions du gouvernement catalan, composé d'un Conseil exécutif organisé en quinze départements et disposant de pouvoirs administratifs. À ses côtés, le Parlement catalan, qui représente le peuple, légifère, contrôle l'action du Conseil, approuve le budget et élit le président de la Generalitat. En décembre 2003, Pascual Maragall, ancien maire de Barcelone et leader du Parti socialiste catalan (PSC), a succédé à Jordi Pujol Soley, président depuis 1980.
Le statut d'autonomie a toujours fait l'objet de débats quant à sa nature, son étendue et son application (une conclusion jamais définitive dans le rapport à Madrid, notamment à propos de la question identitaire et de la nature des liens entre le pays et la région, économiquement la plus dynamique, culturellement la plus marquée). Le dernier débat eut lieu lors du référendum du 18 juin 2006, relatif à un nouveau statut pour une plus large autonomie (Estatut, projet de réforme voté par le Parlement catalan le 30 septembre 2005) et à la gestion territoriale de la province.
Barcelone, siège du pouvoir de la Generalitat et d'autres institutions publiques ou privées (structures communautaires, chambre de commerce, organismes professionnels...), a joué un rôle primordial dans les luttes pour la conquête de l'autonomie régionale. Dans le contentieux avec l'État central persiste le sentiment d'être moins bien traité, sous prétexte de solidarité à l'égard d'une Espagne aux provinces périphériques moins bien pourvues. Les Catalans considèrent cette situation comme un handicap pour leur région. Au début des années 2000, la Catalogne, qui réalise près de 20 % du PIB national, n'a reçu que 12 % des investissements d'État, marquant ainsi un déséquilibre grandissant entre cette région et celles de Madrid, du Pays basque et de la Navarre, qui ont largement bénéficié des redistributions publiques. Pour cela, les Catalans souhaitent élargir leurs compétences régionales sur les grandes infrastructures économiques (ports, aéroports...) et récupérer les recettes fiscales (impôts, TVA...), collectées jusque-là par Madrid. Au sein du débat, ils ne manquent pas de comparer la richesse de leur région, son dynamisme, sa reconnaissance internationale, les manifestations de prestige qui s'y tiennent, ni d'affirmer le rôle moteur de la Catalogne en Europe. De nombreux discours, qui s'appuient sur de nouveaux concepts comme celui de « nation catalane », posent de manière sous-jacente la question de la rupture, celle de l'indépendance, d'une région autonome ou d'une nation. La position géographique de la Catalogne en « front d'Europe » pour l'Espagne et sa puissance économique lui permettent de jouer un rôle majeur, tant dans la dynamique de l'eurorégion constituée avec les régions voisines (Aragon, îles Baléares, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon), que dans celle du club des « Quatre moteurs pour l'Europe » où, depuis 1998, elle est associée à la Lombardie (Italie), à Rhône-Alpes (France) et au Bade-Wurtemberg (Allemagne).
Le nouveau texte statutaire adopté par le gouvernement catalan a été édulcoré par Madrid. Le mot « nation » n'est finalement mentionné que dans le préambule, afin que le texte ne s'oppose pas à la Constitution de 1978, qui affirme « l'unité indissoluble de la nation espagnole ». L'élargissement des compétences fiscales et administratives n'a été accepté qu'en partie,[...]
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Écrit par
- Mathilde BENSOUSSAN : professeur honoraire à l'université de Rennes-II-Haute-Bretagne
- Christian CAMPS : professeur des Universités, professeur à l'université de Montpellier-III-Paul-Valéry, directeur du Centre Du Guesclin à Béziers
- John COROMINAS : professeur à l'université de Chicago
- Marcel DURLIAT : professeur émérite d'histoire de l'art à l'université de Toulouse-Le-Mirail
- Robert FERRAS : agrégé de géographie, docteur ès lettres, professeur des Universités
- Jean MOLAS : docteur ès lettres, professeur aux Estudis universitaris catalans
- Jean-Paul VOLLE : professeur agrégé des Universités, professeur à l'université de Montpellier-III-Paul-Valéry
Classification
Médias
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