CATALOGNE
Vie économique
Les milieux naturels de la Catalogne sont divers, le relief est fragmenté et troué de quelques bassins où les hommes se concentrent dans les villes, la montagne est souvent qualifiée de traditionnelle par les urbains, et le littoral jugé artificiel, notamment par ceux qui défendent les valeurs écologiques et patrimoniales. Ces ensembles jouent sur des complémentarités valorisées par la gestion politique et l'organisation économique de la région. On parle alors « des Catalognes », afin de souligner les éléments qui solidarisent et unifient. Tout d'abord, la montagne répond à des tonalités vertes, plus européennes qu'ibériques. Parcs naturels et stations d'altitude ont conquis aujourd'hui ses versants et ses sommets, et son économie est largement dépendante des flux saisonniers métropolitains et européens. Ensuite, le littoral catalan a permis à l'Espagne, avant l'aménagement du Sud, de s'ouvrir au tourisme. Dès 1950, plus d'un million de touristes séjournent sur la Costa Brava, submergeant ainsi les premières installations d'infrastructures et de résidences mises en place par la bourgeoisie catalane des années 1920. Toutefois, en termes de fréquentation touristique, la Catalogne a perdu sa première place : en 2005, elle enregistre environ 25 millions de nuitées contre plus de 30 millions en Andalousie. Enfin, les villes catalanes ont bénéficié des implantations industrielles du xixe siècle, et confortent leur position parmi les villes d'Espagne grâce aux retombées – sous forme de résidence et de pôles d'activités tertiaires – de la métropole barcelonaise. Par ailleurs, la répartition de la population traduit les partitions géographiques de la région. Le littoral, et plus particulièrement la conurbation de Barcelone, sont parmi les espaces régionaux les plus denses de l'Union européenne. L'intérieur des terres, en revanche, fait partie des zones les moins peuplées. Entre 1990 et 2005, la Catalogne a gagné quelque 730 000 habitants (+ 12 %), surtout dans l'aire métropolitaine de Barcelone, contre près de 900 000 (+ 18 %) pour la Communauté de Madrid, et plus d'un million (+ 13 %) pour l'Espagne méridionale, longtemps pays d'émigration.
Les ressources en matières premières (charbon, minerais...) étant relativement rares, la Catalogne a fondé son développement industriel sur le savoir-faire et l'usage de techniques avant-gardistes. La bourgeoisie investit dès le xixe siècle dans l'industrie et s'accommode fort bien des contrôles exercés sur le monde ouvrier et politique par le franquisme, même si elle a dû renoncer alors à l'expression politique du catalanisme. Le retour à la démocratie modifie en profondeur les structures économiques locales, au profit de la petite entreprise, d'une part, et de l'ouverture au capital international, d'autre part. Les firmes étrangères, surtout japonaises, firent de la Catalogne leur point de départ pour la conquête des marchés européens, bénéficiant, notamment, de coûts salariaux plus faibles.
L'industrie textile, issue du travail de la laine au Moyen Âge, des indiennes de coton au xviiie et, par la suite, des textiles artificiels et du prêt-à-porter à Barcelone, Sabadell et Mataró, constitue une activité traditionnelle de première importance. Malgré de régulières reconversions, cette industrie a perdu, depuis le début des années 1980, les deux tiers de la quinzaine de milliers d'entreprises et des 120 000 emplois, dont plus de la moitié seulement entre 1995 et 2005. Mais la Catalogne représente encore 48 % en moyenne de l'industrie textile espagnole sur le plan des emplois et de la production. En outre, la pétrochimie à Tarragone, la chimie (150 000 emplois, 50 % de la production nationale en valeur) et la métallurgie, les constructions électriques,[...]
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Écrit par
- Mathilde BENSOUSSAN : professeur honoraire à l'université de Rennes-II-Haute-Bretagne
- Christian CAMPS : professeur des Universités, professeur à l'université de Montpellier-III-Paul-Valéry, directeur du Centre Du Guesclin à Béziers
- John COROMINAS : professeur à l'université de Chicago
- Marcel DURLIAT : professeur émérite d'histoire de l'art à l'université de Toulouse-Le-Mirail
- Robert FERRAS : agrégé de géographie, docteur ès lettres, professeur des Universités
- Jean MOLAS : docteur ès lettres, professeur aux Estudis universitaris catalans
- Jean-Paul VOLLE : professeur agrégé des Universités, professeur à l'université de Montpellier-III-Paul-Valéry
Classification
Médias
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