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CATHARES

D'origine grecque, le vocable « cathare » (καθαρ́ος, pur) désigne les hérétiques dualistes qui se manifestèrent en Occident dans la seconde moitié du xiie siècle. Le plus ancien document où il apparaît est un acte de Nicolas, évêque de Cambrai (1164-1167), qui enregistre la condamnation portée par les évêques de Cologne, Trèves, Liège, entre 1151-1152 et 1156, contre un clerc, Jonas, « convaincu de l' hérésie des cathares ». Dans ses sermons visant les hérétiques rhénans (1163), Eckbert, abbé de Schönau, leur reproche d'avoir « eux-mêmes assumé cette appellation de purs ». À l'inverse, le théologien Alain de Lille ironise sur l'étymologie latine du nom (catus, chat) « parce qu'ils baisent le postérieur d'un chat en qui leur apparaît Lucifer ». Ce sont les « sectateurs du chat », les « chatistes, dirions-nous », commente de nos jours avec conviction un ingénieux polémiste. L'Église médiévale les traite d'ariens, de manichéens, sans pouvoir, à l'origine, définir leur doctrine.

Le dualisme et les Églises

Pour les cathares, le problème crucial est celui du mal, qu'on trouve dans l'univers rempli de créatures vaines et corruptibles, et qu'ils ne peuvent imputer à Dieu. Leur foi repose sur la conviction commune que ce monde visible et tout ce qu'il renferme est l'œuvre du diable. Selon le traité de Bartholomé de Carcassonne, « il y a un autre monde formé de créatures incorruptibles et éternelles ». L'existence des deux royaumes leur fait présumer l'existence de deux principes. Les uns, modérés, proches du monothéisme, croient en un seul Dieu, bon, tout-puissant, éternel, créateur des anges et des quatre éléments qu'il a permis à Satan, ange rebelle, d'organiser. Les autres, d'opinion radicale, croient en deux principes absolus, rivaux, le bon et le mauvais, également créateurs et éternels. Cette opposition de croyance, foncière à l'origine, détermine dans le monde cathare trois ordres distincts : modéré de Bulgarie, absolu de Dragovitza et nuancé de Slavonie.

À l'origine, selon l'inquisiteur Anselme d'Alexandrie, l'hérésie s'est répandue en Drugonthie, Bulgarie, Philadelphie, sous la direction de trois évêques. En Bulgarie, des marchands grecs de Constantinople, venus pour affaires, contractent l'erreur, qu'ils propagent ensuite, de retour chez eux. Au cours de la deuxième croisade (1147), des Francigènes rencontrent à Constantinople des représentants de l'ordre de Bulgarie, dont ils adoptent la doctrine modérée, et s'organisent en Église. Retournant en France, ces hérétiques y instituent un évêque de France. Ils influencent au sud de la Loire les provinciales, qui embrassent leurs idées et créent à leur tour quatre évêques : de Carcassonne, Albi, Toulouse et Agen. Leur rayonnement s'étend jusqu'en Lombardie.

Églises cathares aux XII<sup>e</sup> et XIII<sup>e</sup> siècles - crédits : Encyclopædia Universalis France

Églises cathares aux XIIe et XIIIe siècles

C'est tout ce réseau franco-italien, d'ordre bulgare, que Papaniquintas ( Niquinta, Nicetas), évêque ou pape des hérétiques de Constantinople, vient, vers 1176, convertir à son dualisme absolu (de Dragovitza). Il préside en Lauragais, au château de Saint-Félix de Caraman, près de Toulouse, une assemblée de cathares albigeois et italiens. Les actes de ce concile, publiés au xviie siècle d'après une copie de 1232 – d'authenticité controversée –, rigoureusement examinés en 1946 par A. Dondaine, qui a découvert ensuite d'autres sources les corroborant, ont fait l'objet d'une édition critique par F. Šanjek ; B. Hamilton est venu depuis lors en renouveler l'intérêt et en rectifier la date (env. 1176). L'énoncé de cette charte permet de connaître l'expansion de l'hérésie cathare aux xiie-xiiie siècles.

Six Églises sont représentées à Saint-Félix : celles des Francigènes[...]

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Églises cathares aux XII<sup>e</sup> et XIII<sup>e</sup> siècles - crédits : Encyclopædia Universalis France

Églises cathares aux XIIe et XIIIe siècles

Cathares expulsés de Carcassonne, 1209 - crédits : British Library/ AKG-images

Cathares expulsés de Carcassonne, 1209

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