OTRANTE CATHÉDRALE D'
On admet en général que, dans son état actuel, la cathédrale d'Otrante (ville des Pouilles) n'est pas antérieure à l'époque de Bohémond, prince normand de Tarente, qui l'aurait fait commencer vers 1080-1088, peut-être à l'emplacement d'un édifice plus ancien dont quelques témoins subsisteraient, sous forme de remplois, dans la crypte. Réparée au xiiie siècle (les chapiteaux de la nef), restaurée au xve siècle, la cathédrale d'Otrante avait reçu au xviie siècle une riche décoration intérieure dans ce style baroque local, si original, qui trouva à Lecce sa plus parfaite expression. Le purisme peut-être excessif des restaurations récentes a fait disparaître la majeure partie de ce décor, mais a respecté le beau portail datant de 1764.
Malgré la relative ampleur de son plan basilical et l'incontestable beauté de sa crypte dont quarante-deux colonnes soutiennent la voûte, la cathédrale d'Otrante n'aurait guère retenu l'attention des archéologues si le sol de la nef n'était recouvert d'une mosaïque médiévale d'une iconographie riche et complexe mais d'une exécution médiocre : le dessin en est incertain et la palette terne. Sur un fond blanc se détache au milieu de la nef centrale la silhouette d'un arbre gigantesque dont les branches se recourbent pour former des médaillons ; ceux-ci figurent non seulement des scènes bibliques, mais aussi des épisodes tirés de légendes épiques (Le Roi Arthur chevauchant un bouc) ou romanesques (Ascension d'Alexandre), un calendrier avec les travaux des mois, un bestiaire, etc. Une inscription précise que cet ensemble fut exécuté entre 1163 et 1166, au temps de Guillaume II, roi de Sicile, et de Jonathas, archevêque d'Otrante, par un prêtre nommé Pantaléon.
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Écrit par
- Jean-René GABORIT : conservateur général chargé du département des Sculptures, musée du Louvre
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