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PUY CATHÉDRALE DU

À cause de sa profonde originalité, la cathédrale du Puy est un édifice qu'on aurait peine à classer dans une quelconque « école » romane. Mais les conditions ayant présidé à sa naissance ne furent-elles pas elles-mêmes exceptionnelles ?

Le Puy était le siège d'un évêché dépendant directement du roi de France et pivot de sa politique en Aquitaine. Davantage encore un lieu de pèlerinage marial, aussi célèbre que cosmopolite, situé sur l'une des grandes voies conduisant depuis l'Italie à Saint-Jacques-de-Compostelle. Une étrange Vierge noire était vénérée dans la cathédrale avec un souci de la mise en scène qui ne se retrouve que dans de très anciens lieux de culte. Jusqu'au xviiie siècle, on accédait dans la cathédrale par un long escalier obscur qui passait sous la nef et débouchait en face du maître-autel. Cette disposition, que l'on retrouve dans le sanctuaire marial de Vals, dans les Pyrénées, a été profondément altérée entre 1778 et 1785, mais on a heureusement conservé sous le grand porche les deux portes de bois sculpté qui fermaient l'extraordinaire souterrain. En dépit du caractère chrétien de leur iconographie, c'est vers l'Orient musulman qu'il convient de chercher des analogies de facture. D'ailleurs, une inscription en caractères coufiques est encore en partie visible sur la porte de gauche. On a pu lire : « Voilà ce qu'a bien voulu Dieu. »

La cathédrale, édifiée en pierres de lave, était, à l'origine, couverte d'une série de quatre coupoles, d'un type très particulier, et foncièrement différentes de celles de l'ouest de la France. De forme octogonale, chacune d'elles repose sur des arcades en plein cintre, reçues par des colonnes doubles. Aux angles se creusent des trompes pour lesquelles Ahmad Fikry a proposé des modèles islamiques. La façade occidentale, couverte d'incrustations polychromes, a quelque chose d'excessif dans son décor. Un autre porche, celui du For, occupe le carré formé par le chevet et le bras sud du transept.

La construction s'est effectuée de l'est vers l'ouest, entre la fin du xie et la seconde moitié du xiie siècle, à l'exception de deux travées occidentales, qui datent du xiiie siècle. Pour son malheur, la cathédrale a fait l'objet au xixe siècle d'une restauration radicale (pour ne pas dire une reconstruction) qui n'a même pas épargné le clocher.

Le beau cloître aux chapiteaux à feuillages qui se tapit à l'ombre de l'édifice du côté du nord a été bâti en même temps que lui. Érigé sur un escarpement rocheux, il formait le cœur de la défense de la ville épiscopale et représente encore de nos jours un ensemble impressionnant. Le logis dit des Clergeons, du côté de l'est, et le bâtiment des « mâchicoulis », qui lui est symétrique, possèdent un rare ensemble de peintures murales. On attirera notamment l'attention sur le grand jeu d'échecs à valeur symbolique (début du xiiie s.) représenté dans le dernier étage du premier et sur la fresque des Arts libéraux, qui suffirait à assurer la célébrité du second. D'autres peintures, très influencées par l'art byzantin de Sicile, ornent la dernière travée du porche occidental. Les deux bras du transept possèdent aussi leurs fresques. Celles du croisillon nord sont présidées par une figure gigantesque de l'archange saint Michel d'un style roman influencé aussi par Byzance.

— Marcel DURLIAT

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Écrit par

  • : professeur émérite d'histoire de l'art à l'université de Toulouse-Le-Mirail

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Média

Notre-Dame-du-Puy - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Notre-Dame-du-Puy

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