PARIS CATHÉDRALE NOTRE-DAME DE
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Une seconde naissance
Rendue au culte catholique en 1802, Notre-Dame est le théâtre deux ans plus tard du sacre de Napoléon Ier, cérémonie immortalisée par Jacques-Louis David. Malgré l’apparat perceptible dans le chef-d’œuvre pictural, il s’agit d’un faste éphémère et de fortune. La cathédrale connaît en effet de forts problèmes de conservation qui émeuvent les contemporains. En 1831, Victor Hugo publie Notre-Dame de Paris dont le troisième livre décrit l’effroyable état dans lequel se trouve le bâtiment. Son romanconnaît un énorme succès. L’écrivain n’est d’ailleurs pas le seul à s’émouvoir de l’état de péril dans lequel se trouve la cathédrale en cette première moitié du xixe siècle.
En 1842, une pétition est lancée pour sauver le monument. Parmi les signataires se trouvent de nombreux intellectuels, historiens, artistes et érudits, parmi lesquels le peintre Ingres, l’archéologue Didron et bien sûr Victor Hugo lui-même. Ce cri du cœur est entendu et dès l’année suivante un vaste concours est lancé pour la restauration de Notre-Dame. C’est un binôme d’architectes férus de Moyen Âge et sensibles à la conservation du patrimoine qui remporte le concours : Jean-Baptiste Antoine Lassus et Eugène Viollet-le-Duc.
Le chantier de restauration va durer plus de trente ans et concernera toutes les parties de l’édifice, du gros œuvre jusqu’aux éléments de décors et aux objets d’orfèvrerie du trésor. Il est possible de suivre le déroulé des opérations grâce aux journaux des travaux tenus régulièrement de 1844 à 1865. Les relevés, les dessins ou croquis de Viollet-le-Duc montrent son insatiable curiosité pour comprendre le monument et ses secrets de fabrication. L’architecte est soucieux de respecter le savoir-faire des artisans du Moyen Âge, et le chantier de restauration de Notre-Dame permet de remettre au goût du jour certaines techniques tombées en désuétude. Cependant, ce souci archéologique ne s’apparente pas toujours à un maintien du monument dans son état originel. Viollet-le-Duc a pu recourir à sa riche inventivité pour créer des éléments qui n’existaient pas mais qui contribuent, dans sa pensée, à recréer un monument idéal du Moyen Âge.
En 1845, le chantier débute par des interventions d’urgence conduites sur la façade occidentale, notamment au niveau de la galerie des rois qui avait fait l’objet des foudres révolutionnaires. Suit la démolition de la sacristie de Soufflot qui avait été endommagée en 1831. Elle est reconstruite en style néogothique. À partir de 1846, d’importants travaux structurels vont occuper les architectes et les équipes durant plusieurs années. L’ensemble des arcboutants est reconstruit entre 1846 et 1858. Parallèlement, les restaurations des sculptures, notamment de la façade occidentale, sont entreprises sous la responsabilité d’Adolphe Victor Geoffroy-Dechaume, sculpteur érudit et expérimenté. Comme les architectes, l’artiste cherche à ressaisir une essence idéale de la statuaire médiévale. Un travail d’étude à travers des dessins et des moulages voit le jour, afin de percer les mystères du Moyen Âge. Les interventions visent à remplacer certains éléments défectueux. Ainsi, certaines gargouilles, qui permettent l’évacuation des eaux pluviales, s’étaient retrouvées hors d’usage au cours du temps, ou encore la galerie des rois décimée présentait des niches vides. Parfois, le sculpteur ou l’architecte dépassent la simple restauration pour tomber dans la création. Viollet-le-Duc va ainsi jusqu’à peupler les tours de la cathédrale d’un bestiaire fantastique et inédit.
En 1857, après le décès de Lassus, Viollet-le-Duc se retrouve seul à la tête du chantier. Dès le mois d’octobre, l’architecte retravaille son projet de flèche. Dans les dessins attachés au projet de concours de 1842, la restitution d’une flèche[...]
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Écrit par
- Isabelle MARQUETTE : conservatrice du patrimoine, département des collections de la Cité de l'architecture et du patrimoine, Paris
Classification
Médias
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