BREILLAT CATHERINE (1948- )
Un réalisme intime
En 2005, Catherine Breillat est victime d’un grave accident cérébral, qui la laisse entièrement paralysée du côté gauche. En 2007, elle mène pourtant à bien un très ancien projet, l’adaptation d’Une vieille maîtresse, de Barbey d’Aurevilly, avec Asia Argento et Fu’ad Aït Aattou. Elle peut approfondir, avec ce qu’il faut de distance, son approche intime et réaliste des relations amoureuses à travers l’évocation d’une fascination et d’un asservissement réciproques.
Dans les années qui ont suivi son accident cérébral, Christophe Rocancourt, que Catherine Breillat aurait voulu utiliser comme acteur, a abusé de son état pour lui soutirer une somme avoisinant 800 000 euros. La réalisatrice en a tiré un livre de témoignage et a utilisé ce qu’elle a vécu pour tourner Abus de faiblesse (2013). Isabelle Huppert y joue le rôle de la réalisatrice, le rappeur Kool Shen celui de l’escroc. Catherine Breillat filme son aventure avec son « réalisme intime » habituel, sans porter de jugement. Elle engage le spectateur à s’interroger sur le cinéma, c’est-à-dire sur la question du vrai et du faux. Car les films de Breillat ne cessent de poser la question : peut-on (et doit-on) filmer en toute innocence ? Mais aussi, et c’est-là que sa vérité choque, filmer sans culpabilité a-t-il un sens ?
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Joël MAGNY
: critique et historien de cinéma, chargé de cours à l'université de Paris-VIII, directeur de collection aux
Cahiers du cinéma
Classification
Média
Autres références
-
ÉROTISME
- Écrit par Frédérique DEVAUX , René MILHAU , Jean-Jacques PAUVERT , Mario PRAZ et Jean SÉMOLUÉ
- 19 774 mots
- 7 médias
CatherineBreillat, elle, choisit de filmer cet objet mal connu – le sexe – pour dépasser le tabou. Dans Pornocratie (2001) et Anatomie de l'enfer (2003), il se transmue, sans flagornerie ni fausse pudeur, en images de cinéma. L'auteur transgresse également les cloisonnements « professionnels...