DENEUVE CATHERINE (1943- )
De Truffaut à Téchiné
En à peine une dizaine d'années, Catherine Deneuve est devenue une actrice majeure du cinéma français, qui sait également gérer son image dans le domaine de la publicité. Elle manie habilement l'euphémisme lorsqu'elle précise que ces prestations lui permettent de refuser des propositions de films qui lui « plaisent moins ». Elle sait pourtant rester populaire à travers des productions de moindre importance artistique certes, mais de prestige, où sa prestation est toujours remarquée, comme Benjamin ou les Mémoires d'un puceau (1968) de Michel Deville, Âmes perdues (1977) de Dino Risi, Fort Saganne (1984) d'Alain Corneau, Agent trouble (1987) de Jean-Pierre Mocky, Indochine (1992) ou Est-Ouest (1999) de Régis Wargnier...
Ces choix lui permettent de jouer par ailleurs dans des films plus exigeants, comme le premier film de François Dupeyron, Drôle d'endroit pour une rencontre (1988), qu'elle produit : un sujet impensable sur le papier, une réussite d'une totale originalité dans le cinéma français, mais un échec public.
Au début des années 1980, Catherine Deneuve aborde un tournant difficile pour une actrice : la quarantaine. Heureusement, François Truffaut lui offre, après la relative déception commune de La Sirène du Mississippi (1969), le rôle de Marion dans Le Dernier Métro (1980). Il ne s'agit pas seulement, pour Catherine Deneuve d'en finir avec l'ambiguïté qu'incarnait la jeune fille à l'air virginal des Parapluies de Cherbourg, mais d'assumer un personnage qui se rapproche de sa vraie personnalité, mûre et déterminée, acceptant ses désirs comme ses contradictions. Le public plébiscite le film, qui obtient dix césars, dont celui de la meilleure actrice pour Catherine Deneuve. Celle-ci entame en même temps une complicité fructueuse avec André Téchiné, dont l'univers un peu trouble, fondé sur un passé refoulé qui travaille en profondeur ses personnages, coïncide à merveille avec la mythologie personnelle de l'actrice (Hôtel des Amériques, 1981 ; Le Lieu du crime, 1986 ; Ma Saison préférée, 1993 ; Les Voleurs, 1996 ; Les Temps qui changent, 2004 ; La Fille du RER, 2009 ; L’Homme qu’on aimait trop, 2014 ; L’Adieu à la nuit, 2019).
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Joël MAGNY
: critique et historien de cinéma, chargé de cours à l'université de Paris-VIII, directeur de collection aux
Cahiers du cinéma
Classification
Médias
Autres références
-
CARRIÈRE JEAN-CLAUDE (1931-2021)
- Écrit par René PRÉDAL
- 1 066 mots
- 2 médias
Fils de viticulteurs, Jean-Claude Carrière naît le 19 septembre 1931 à Colombières-sur-Orb (Hérault), où il passe son enfance. Alors qu’il a treize ans, ses parents prennent la gérance d’un café à Montreuil-sous-Bois. Dès le lycée, il est attiré par le cinéma et la littérature, pense devenir...
-
GARREL PHILIPPE (1948- )
- Écrit par Joël MAGNY
- 1 090 mots
Fils du comédien Maurice Garrel, Philippe Garrel est né en 1948 à Paris. Il réalise son premier court-métrage à seize ans (Les Enfants désaccordés, 1964). Un couple adolescent fait une fugue, puis se dispute, à l'image des parents. Le thème originel du cinéma de Garrel, la séparation, est déjà...
-
MA SAISON PRÉFÉRÉE, film de André Téchiné
- Écrit par Laurent JULLIER
- 907 mots
Né en 1943, André Téchiné a suivi l'itinéraire classique des membres de la « seconde génération » de la Nouvelle Vague : entré en 1963 à l'I.D.H.E.C., il collabore dès l'année suivante aux Cahiers du cinéma. Il passe à la réalisation en 1970 avec Paulina s'en va...
-
OZON FRANÇOIS (1967- )
- Écrit par René PRÉDAL
- 1 097 mots
- 4 médias
...d’Ozon reste Huit Femmes où chacune des vedettes féminines interprète une chanson. On y savoure donc le surjeu (Isabelle Huppert) ou son contraire (Catherine Deneuve) dans un huis clos scénique au décor digne de l’émission télévisée « Au théâtre ce soir », où se déroule un gigantesque et drolatique...