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CATHERINE II DE RUSSIE (1729-1796)

L'œuvre culturelle

L'action éducatrice

Si les succès de la Révolution devaient rejeter Catherine aux antipodes de son libéralisme primitif, son intransigeance finale ne saurait faire oublier son œuvre de mécène et, comme elle aimait à s'appeler, d'« éducatrice ». Jamais en effet Catherine ne devait cesser de s'intéresser aux problèmes d'éducation, auxquels son Instruction la montrait ouverte, pour des raisons d'ordre principalement social, dès le début de son règne. À défaut de pouvoir implanter ce réseau hiérarchisé d'écoles dont elle paraît avoir rêvé, elle n'en chercha pas moins à décalquer le système autrichien et tenta (ukase du 5 août 1786) de diffuser l'enseignement primaire en Russie. Le manque de personnel devait couper court à ces projets, et s'opposer également à la fondation d'universités nouvelles ; fidèle à la tradition de Pierre le Grand, elle créa cependant, outre l'école de l'Académie des sciences, le corps des cadets (artillerie et génie) et l'institut Smolny, imité de Saint-Cyr. Institutions aristocratiques certes, mais qui n'en jetaient pas moins, de pair avec quelque 300 écoles primaires et secondaires, les bases d'un enseignement public qui mettra longtemps à se développer.

Un même souci pédagogique imprégnera également son activité littéraire, où elle apportera, comme en tout, plus d'application que de génie. Aussi fervente de culture française que favorable – à travers l'Académie des sciences qu'elle honorera de sa protection – au perfectionnement de la langue russe, elle devait manifester une véritable prédilection pour le théâtre, dont elle favorisera l'éclosion en Russie. « Le théâtre est l'école de la nation, il doit être absolument sous ma surveillance [...] parce que mon premier devoir devant Dieu est de répondre des mœurs de mon peuple. » Ce souci de régenter et de censurer les lettres devait parfois dégénérer en lutte ouverte : polémique avec Novikov, satiriste et franc-maçon, qui paya de quatre ans de cachot (1792-1795) son activité d'éditeur ; déportation de Radichtchev (1790), tenu pour « plus dangereux que Pougatchev » après la publication d'un laborieux Voyage de Saint-Pétersbourg à Moscou ; seule sa popularité devait épargner à Fonvizine un sort comparable. À l'actif de Catherine, on pouvait toutefois noter le droit pour tout particulier d'ouvrir (depuis 1782) une imprimerie, ainsi que le pullulement des publications et des traductions, et enfin l'élan donné à la vie intellectuelle et morale du pays. Ce qui faisait dire à certains que si Pierre le Grand avait donné un corps aux Russes, Catherine leur avait insufflé l'âme.

Le mécénat

Avec son tempérament de mécène et de collectionneuse, Catherine ne pouvait borner là son émulation avec le Roi-Soleil. Nul ne devait faire davantage que cette bâtisseuse infatigable, toujours prête à se glorifier d'avoir fondé une multitude de villes, pour permettre à Saint-Pétersbourg de rivaliser avec les grandes capitales européennes : revêtement des quais de la Néva, construction de l'Ermitage, de l'Arsenal, du Palais de Tauride, de Smolny..., ou érection des grilles du Jardin d'hiver. Elle sut pour ce faire s'entourer d'architectes de talent, étrangers (Vallin de la Mothe, Rinaldi, Quarenghi) ou russes (Starov, Bajenov), et favoriser – tout comme en peinture (Lévitski, Borovikovsky) – l'éclosion de talents nationaux. De tous, le choix le plus heureux devait être celui d'un sculpteur encore peu connu, Falconet, à qui elle commanda une statue équestre de Pierre le Grand. L'originalité de cette composition : l'empereur protégeant sa cité du haut de sa monture cabrée au sommet d'un abrupt, classait aussitôt son auteur au rang des plus grands maîtres.[...]

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Catherine II de Russie (1729-1796) - crédits : Album/ AKG-Images

Catherine II de Russie (1729-1796)

Russie, XVIII<sup>e</sup> siècle - crédits : Encyclopædia Universalis France

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