- 1. L'Église primitive
- 2. L'Église face au monde païen
- 3. L'héritage de l'Empire romain et l' « éducation » des peuples barbares
- 4. L'hégémonie de l'Église romaine en Occident
- 5. Vers la dislocation de la Chrétienté
- 6. L'Église catholique face au monde moderne
- 7. Le catholicisme à la recherche de sa mission dans le monde
- 8. Bibliographie
CATHOLICISME Histoire de l'Église catholique des origines au pontificat de Jean-Paul II
L'Église catholique face au monde moderne
Le concile de Trente (1545-1563)
Au moment où s'ouvre le concile de Trente, une partie notable de l'Europe échappe à l'Église romaine. L'impulsion de réforme donnée par Luther s'est largement propagée, relayée par d'autres chefs de file (Melanchthon, Bucer, Zwingli, Calvin), renforcée souvent par la conjoncture sociale et politique, riche surtout des énergies religieuses qu'elle a réveillées ou orientées. Une partie des États et villes d'Allemagne, plusieurs cantons suisses, le nord des Pays-Bas, les royaumes scandinaves vivent déjà et organisent des formes de christianisme dont l'élément commun est le refus de Rome. Se heurtant à la résistance du pape dans l'affaire de son divorce, Henri VIII a entraîné l'Angleterre dans le schisme. Partout ailleurs, en France surtout, n'y a-t-il pas grave menace de nouvelles déchirures ?
Certes, dans le même temps, l'expansion espagnole dans le Nouveau Monde, les chemins ouverts par les Portugais vers l'Extrême-Orient ont immensément élargi les possibilités d'implantation de l'Église ; l'horizon du concile de Trente n'en demeure pas moins strictement européen et latin. Avant de se propager, le catholicisme doit se maintenir, et pour cela se redéfinir. En traçant avec netteté les frontières dogmatiques de l'orthodoxie, le concile consomme la rupture avec les Églises réformées, mais assure la cohésion de l'Église par la solidité de la foi. Bénéficiaire lui-même des forces de renouveau spirituel ou pastoral à l'œuvre en Italie et en Espagne depuis un demi-siècle, il propose idéal de vie et programme d'action à un clergé qu'il réveille au sens de ses responsabilités.
Tandis que le monde change de dimensions, plus encore culturellement que géographiquement, l'évolution de l'Église post-tridentine s'effectue sous la tension d'une double préoccupation : des positions à maintenir, à défendre, voire à reconquérir ; tous les hommes à conduire au salut par la foi en Jésus-Christ et les sacrements de son Église.
La politique de la Contre-Réforme
Jusqu'à la fin du xviiie siècle, la carte des confessions chrétiennes en Europe demeure une carte politique : « Cujus regio ejus religio. » Tandis qu'en Angleterre, après l'excommunication d'Élisabeth par Pie V (1570), « catholique » ou « papiste » signifie plus ou moins « conspirateur », le Saint-Siège, spécialement par ses nonces, demeure en contact permanent avec les souverains, dont la coopération politique, voire militaire (guerre de Trente Ans), est nécessaire au maintien ou à la reconquête des positions de l'Église. Plus les princes identifient prospérité de leur État et fidélité catholique, plus ils ont à cœur le progrès de la foi et la stabilité religieuse, parfois jusqu'à l'intolérance : Philippe II renforce l'Inquisition, Louis XIV révoque l'édit de Nantes (1685). Plus s'accuse aussi la prétention de l'État à diriger les affaires ecclésiastiques : régalisme espagnol, gallicanisme de Louis XIV et des Parlements, fébronianisme de Joseph II. La rivalité des puissances catholiques – maison de France contre maison d'Autriche – aggrave la faiblesse politique de la papauté.
Dans les limites de ces tutelles nationales, et à cause d'elles, la centralisation romaine progresse grâce aux règlements et interventions de nouveaux organismes de gouvernement, les congrégations. L'instance suprême en est le Saint-Office, spécialement chargé de veiller à l'intégrité de la foi. Les réflexes de défense y dominent, aux dépens des voies nouvelles du savoir scientifique (condamnation de Galilée, 1633). Prototype d'une forme nouvelle de théologie savante, les Controverses du[...]
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Écrit par
- Jean DANIÉLOU : professeur à l'Institut catholique de Paris
- André DUVAL : dominicain, archiviste de la province de France
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